Surnoms de l'Histoire by Histoire

Surnoms de l'Histoire by Histoire

Auteur:Histoire [Histoire]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Pygmalion
Publié: 2014-05-02T22:00:00+00:00


François Mitterrand

(1916-1996)

Dieu, Tonton,

le Sphinx, le Florentin

Àl’évidence, lorsqu’il est élu à la présidence de la République française, le 10 mai 1981, François Mitterrand semble sur un petit nuage. Toutes les images de l’époque le prouvent. Mais il ne doit pas son surnom de Dieu à cette extase passagère engendrée par un succès si longtemps recherché. En accédant au plus haut sommet de l’État après deux tentatives infructueuses (en 1965 face au général de Gaulle, puis en 1974 face à Valéry Giscard d’Estaing), le « peuple de gauche » considère cette élection comme une sorte d’avènement. Sans crainte du ridicule, d’aucuns suggèrent qu’une aube nouvelle se lève et ils affirment que la France passe enfin de l’ombre à la lumière. Force tranquille (le slogan de la campagne électorale) et lumière divine enfantent donc le sauveur tant espéré. De surcroît, dans les mois qui suivent la victoire, François Mitterrand se glisse sans difficulté dans un exercice exubérant du pouvoir et de ses fastes. Rien ni personne ne peut lui résister, il est devenu un Dieu tout-puissant qui observe la France de ses hauteurs élyséennes. François Mitterrand souhaite se tenir « au-dessus de la mêlée » et ne veut en aucune façon s’attacher aux combats de la politique subalterne. D’ailleurs, Dieu s’efforce de prendre chaque année un peu plus de hauteur. En effet, accompagné d’une cohorte de lèche-culs patentés, il se rend majestueusement en pèlerinage à la roche de Solutré, près de Mâcon (492 mètres d’altitude).

Dans un premier temps, la presse satirique fera ses choux gras de ce surnom qui sied à merveille aux attitudes hautaines du personnage. Plus tard, ces mêmes journaux vont s’emparer du sobriquet de Tonton. Un terme qui serait d’abord apparu dans les équipes de sécurité du président, puis qui aurait gagné les couloirs de l’Élysée avant de se répandre dans l’opinion publique vers la fin du premier septennat. À la différence de Dieu, Tonton impose une indéniable image de connivence habilement orchestrée par les experts en marketing politique du président. Avec sa canne, ses improbables vestes en velours côtelé et son chapeau à la Léon Blum, Tonton peut entrer dans la famille. Dans toute famille susceptible de se sentir l’héritière de la « génération Mitterrand », slogan de la seconde campagne victorieuse (1988).

François Mitterrand participe à onze gouvernements de la IVe République. En effet, à la tête de l’Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR), il fait preuve d’exceptionnelles qualités de manœuvrier et sa petite formation parvient à jouer un rôle clé. En de multiples occasions, elle sert de force d’appoint aux coalitions gouvernementales instables de la IVe République. Aussi les journalistes des années 1950 l’affublent-ils du surnom de Florentin, terme qui fait référence aux fourberies et trahisons qui jalonnent la vie politique de la Renaissance italienne, particulièrement à Florence. Par extension, le mot Florentin désigne de manière péjorative un personnage qui aime les intrigues politiques. Et, comme pour tout bon Florentin qui se respecte, François Mitterrand maniait avec un incomparable talent l’art de la duplicité, de l’esquive et du cynisme.



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