Sur les chats by Guy de Maupassant

Sur les chats by Guy de Maupassant

Auteur:Guy de Maupassant [Maupassant, Guy de]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Nouvelles, contes
Éditeur: Ligaran
Publié: 2015-01-20T00:00:00+00:00


puis j’entrai dans la pièce où se trouvait mon lit.

Quand je fus seul je la visitai. Elle était tendue d’antiques toiles peintes où l’on voyait des donjons roses au fond de paysages bleus, et de grands oiseaux fantastiques sous des feuillages de pierres précieuses.

Mon cabinet de toilette se trouvait dans une des tourelles. Les fenêtres, larges dans l’appartement, étroites à leur sortie au jour, traversant toute l’épaisseur des murs, n’étaient, en somme, que des meurtrières, de ces ouvertures par où on tuait des hommes. Je fermai ma porte, je me couchai et je m’endormis.

Et je rêvai ; on rêve toujours un peu de ce qui s’est passé dans la journée. Je voyageais ; j’entrais dans une auberge où je voyais attablés devant le feu un domestique en grande livrée et un maçon, bizarre société dont je ne m’étonnais pas. Ces gens parlaient de Victor Hugo, qui venait de mourir, et je prenais part à leur causerie. Enfin j’allais me coucher dans une chambre dont la porte ne fermait point, et tout à coup j’apercevais le domestique et le maçon, armés de briques, qui venaient doucement vers mon lit.

Je me réveillai brusquement, et il me fallut quelques instants pour me reconnaître. Puis je me rappelai les évènements de la veille, mon arrivée à Thorenc, l’aimable accueil du châtelain… J’allais refermer mes paupières, quand je vis, oui je vis, dans l’ombre, dans la nuit, au milieu de ma chambre, à la hauteur d’une tête d’homme à peu près, deux yeux de feu qui me regardaient.

Je saisis une allumette et, pendant que je la frottais j’entendis un bruit, un bruit léger, un bruit mou comme la chute d’un linge humide et roulé, et quand j’eus de la lumière, je ne vis plus rien qu’une grande table au milieu de l’appartement.

Je me levai, je visitai les deux pièces, le dessous de mon lit, les armoires, rien.

Je pensai donc que j’avais continué mon rêve un peu après mon réveil, et je me rendormis, non sans peine.

Je rêvai de nouveau. Cette fois je voyageais encore, mais en Orient, dans le pays que j’aime. Et j’arrivais chez un Turc qui demeurait en plein désert. C’était un Turc superbe ; pas un Arabe, un Turc, gros, aimable, charmant, habillé en Turc, avec un turban et tout un magasin de soieries sur le dos, un vrai Turc du Théâtre-Français qui me faisait des compliments en m’offrant des confitures, sur un divan délicieux.

Puis un petit nègre me conduisait à ma chambre – tous mes rêves finissaient donc ainsi – une chambre bleu ciel, parfumée, avec des peaux de bêtes par terre, et, devant le feu – l’idée de feu me poursuivait jusqu’au désert – sur une chaise basse, une femme, à peine vêtue, qui m’attendait.

Elle avait le type oriental le plus pur, des étoiles sur les joues, le front et le menton, des yeux immenses, un corps admirable, un peu brun, mais d’un brun chaud et capiteux.

Elle me regardait et je pensais : « Voilà comment je comprends l’hospitalité. Ce



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