Sur la côte de Grand-Pré by Unknown

Sur la côte de Grand-Pré by Unknown

Auteur:Unknown
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782897588076
Éditeur: Guy Saint-jean Editeur
Publié: 2019-12-12T00:00:00+00:00


CHAPITRE DIX-HUIT

La pente recouverte de neige tassée était glissante et dangereuse. Connor regarda une fois derrière lui pour s’assurer qu’il était bien seul. Il avança rapidement, tendu vers son but. La puanteur, de plus en plus forte à mesure qu’il approchait du port, ne l’empêcha pas de sourire d’anticipation.

Aux abords du navire, il vit que l’équipage s’affairait aux derniers préparatifs. Il comprit qu’il ne serait pas arrivé à temps s’il avait reporté sa rencontre avec Winslow ne serait-ce que d’une heure.

Plus de deux cents prisonniers et un équipage de sept hommes feraient le voyage à bord du Pembroke. Depuis le quai, Connor ne voyait aucun passager, puisqu’ils étaient enfermés dans la cale, et il se demanda si la liste qu’il avait consultée était exacte. Les soldats avaient-ils enregistré les bons noms ? Amélie était-elle seulement là ?

Un homme à l’aspect négligé se tenait au pied de la passerelle.

— Faites-vous partie de l’équipage de ce bateau ? lui demanda Connor.

L’air renfrogné, le marin cligna des yeux avec lassitude. La peau de son crâne chauve qui n’était pas cachée par son bonnet de laine paraissait sale et était couverte de taches de rousseur – un peu comme si on l’avait aspergée de peinture calcinée.

— Non, répondit-il.

Connor regarda en haut de la passerelle, ne sachant à qui il devait présenter son autorisation.

— Connaissez-vous le capitaine ?

— Oui, dit le marin en ouvrant la bouche suffisamment grand pour permettre à Connor de constater qu’il ne lui restait plus que quelques chicots croches et noirâtres.

Il se tourna vers le côté en montrant le navire du pouce.

— Il est là-haut.

Le capitaine Milton fut facile à repérer au milieu des hommes qui s’activaient sur le pont. Il se tenait droit comme un « i », donnait des ordres et, contrairement au reste de l’équipage, était vêtu proprement : chemise blanche, gilet marine et corsaire noir. Il avait l’air d’un homme que rien ne pourrait impressionner.

— MacDonnell, marmonna-t-il en prenant connaissance de l’autorisation.

Il plissa des yeux tandis qu’il jaugeait Connor. Celui-ci se redressa légèrement. Milton ne changea pas d’expression.

— Vous avez déjà navigué ?

— Oui, mon capitaine.

— Vous connaissez le gréement ?

— Oui, mon capitaine.

Nul besoin de lui dire qu’il n’avait jamais été sur un bateau aussi imposant.

— Bien, fit Milton. Nous formons un petit équipage. Quatre heures de veille, quatre heures de repos. Allez aider les autres à embarquer la cargaison. Quand ce sera terminé, nous lèverons l’ancre.

Le quai enneigé était sillonné de chemins creusés par le va-et-vient des marins. Le gros du travail avait déjà été accompli. Connor devait s’occuper des rations alimentaires, ce à quoi il était habitué. Il consulta les consignes que le capitaine lui avait remises. Chaque passager avait droit à deux livres de pain et une livre de boeuf salé par semaine – ration légèrement augmentée pour les membres de l’équipage – qui comprenait désormais huit hommes, depuis que Connor s’y était ajouté. Le Pembroke était un immense navire de cent trente-neuf tonnes, qui prendrait la mer avec six autres navires marchands, tous remplis d’Acadiens.



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