Stoner by Stoner

Auteur:Stoner [Stoner]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-07-17T20:11:23+00:00

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Il n’eut pas fini d’en entendre parler.

Le premier semestre s’achevant un vendredi, il rendit ses notes le lundi suivant. Comme c’était une part de son travail qui l’ennuyait, il veillait toujours à s’en débarrasser le plus rapidement possible. Il mit un zéro à Walker et n’y pensa plus. Pendant cette semaine charnière entre les deux semestres, il passa le plus clair de son temps à lire les premiers jets de deux thèses qu’il supervisait et qui devaient être soutenues au printemps. Elles n’étaient pas très heureuses et lui demandèrent beaucoup de travail et d’attention. Autant dire que l’incident Walker était loin.

Seulement, deux semaines plus tard, on le lui rappela. Un matin, il trouva dans son casier un petit mot de Gordon Finch lui demandant de passer le voir à son bureau quand il pourrait pour discuter un moment.

L’amitié de Gordon Finch et de William Stoner avait la patine et la simplicité des bonnes vieilles camaraderies d’antan. Décontractée et profonde, mais tellement pudique qu’elle en semblait presque impersonnelle. Ils se voyaient très rarement en dehors de l’université, bien que Caroline Finch se fendît toujours, à l’occasion, d’un petit coup de téléphone à Edith, et quand ils se parlaient, ils avaient toujours à l’esprit leurs années de jeunesse : chacun voyait toujours l’autre comme il était à vingt ans…

Arrivé à la quarantaine, Finch portait beau même s’il accusait les rondeurs de celui qui est sans cesse obligé de surveiller sa ligne. Ses joues commençaient à s’affaisser un peu et une série de petits bourrelets lui striait la nuque, mais son visage empâté n’était pas tellement ridé. En revanche, un début de calvitie l’obligeait à rabattre généreusement sur son crâne dégarni une mèche de cheveux fins de plus en plus longue… L’après-midi où Stoner passa à son bureau, ils échangèrent quelques nouvelles de leurs familles respectives. Par discrétion ou parce que c’était plus simple, Finch faisait toujours comme si tout allait pour le mieux dans le couple de son ami, quant à celui-ci, il ne manquait jamais de jouer les étonnés : Comment ? Caroline et toi avez déjà deux enfants ? Et le plus jeune est à la maternelle ? Et patati et oh là là.

Passé ce petit rituel domestique, Finch regarda distraitement par la fenêtre et dit :

— Bon… De quoi voulais-je te parler déjà… ? Ah, oui ! Sachant que nous sommes amis, le doyen du supérieur m’a chargé de te mettre au courant de… Oh, rien d’important, vraiment…

Il jeta un œil à une note posée sur son agenda :

— Juste un étudiant furieux qui pense qu’il a été saqué à l’un de tes cours le semestre dernier…

— Walker, répondit Stoner. Charles Walker.

Finch acquiesça :

— C’est bien lui. Qu’est-ce qui s’est passé ?

— Tout ce que je peux dire, reprit William en haussant les épaules, c’est qu’il n’a jamais lu aucun des textes imposés… Je te parle de mon séminaire sur la tradition latine… Ensuite il a essayé de me gruger avec son exposé et quand je lui ai donné

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