Stapleton-Downes 4 - L'épouse de lord Carew - Mary Balogh by Mary Balogh

Auteur:Mary Balogh [Balogh, Mary]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2022-11-08T23:00:00+00:00

10

Hartley avait presque renoncé à venir. À la triste lumière d’une journée pluvieuse, les événements de la veille lui avaient paru irréels. Mais s’il ne rendait pas visite à Mlle Newman, il ne lui resterait plus qu’à rentrer à Highmoor. Il devrait se faire une raison et ne jamais la revoir, et c’était une éventualité à laquelle il ne pouvait se résoudre.

Tout le long du chemin, il avait eu la gorge nouée. Il avait cherché des prétextes pour donner à son cocher d’autres instructions. L’après-midi était déjà bien avancé, elle serait certainement sortie. Ou alors elle aurait d’autres visiteurs… Il aurait dû écrire pour lui demander la permission de lui rendre visite. Mais il était venu, son cocher avait frappé à la porte, Hartley avait donné sa carte au majordome de lady Brill en lui demandant de la porter à Mlle Newman, car il souhaitait la voir – si cela ne la dérangeait pas trop de le recevoir.

Le majordome avait pris avec une condescendance de bon ton la carte du prolixe M. Wade et l’avait introduit dans un petit salon au lourd mobilier un peu démodé. Là, Hartley s’était demandé s’il était vraiment trop tard pour s’échapper et avait fugitivement espéré qu’elle trouverait un prétexte pour ne pas le recevoir.

Mais lorsque la porte s’ouvrit brusquement sur elle, qu’elle s’y adossa, l’air essoufflé, pour lui faire son petit discours d’un ton précipité, toute sa nervosité et tous ses doutes s’envolèrent.

Le miracle s’était produit…

— Je suis venu.

— Mais vous avez soigneusement évité de préciser que vous ne m’en vouliez pas. J’ai tellement honte ! Si j’avais raconté à tante Aggy la façon dont je me suis conduite hier soir, elle serait tombée en syncope. S’il vous plaît, pardonnez-moi !

— Ne vous excusez pas, je vous en prie. Je n’ai aucune raison de vous en vouloir.

Dans sa robe de mousseline à fleurs, elle était absolument ravissante. Elle avait l’air d’une collégienne, ce qui n’était peut-être pas un si grand compliment, finalement, puisqu’elle avait tout le charme et tous les appas d’une femme.

— Vous êtes très gentil, comme toujours. Je suis désolée que ma tante ne soit pas à la maison. Je vais demander du thé, si vous ne trouvez pas un tête-à-tête trop inconvenant. Cela ne nous dérangeait pas à Highmoor, après tout.

— Je ne vais pas m’attarder, assura-t-il, résistant à la tentation de passer toute la demi-heure de rigueur à bavarder avec elle. Ce n’est pas la peine de demander du thé.

Elle sembla déçue.

— Je suis venu vous demander quelque chose. J’imagine que je devrais procéder graduellement, mais je ne sais pas comment faire. Je préfère vous poser la question directement et entendre votre réponse.

— Vous m’intriguez ! J’espère que la question n’est pas de savoir si je veux aller me promener au parc avec vous demain après-midi. Si c’est le cas, vous serez le troisième à me faire cette proposition, et j’ai accepté celle du premier. Mais si c’est le cas, je le regretterai. Peut-être…

— Ce que je voudrais savoir, c’est si vous accepteriez de m’épouser.

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