Stapleton-Downes 3 - L'ange blond et l'ange noir by Balogh Mary

Auteur:Balogh, Mary [Balogh, Mary]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: J'ai lu
Publié: 2022-05-04T04:00:00+00:00

— Eh bien, ma jolie reine des fées, avez-vous le pouvoir de réaliser les souhaits ? s’enquit-il sous son masque.

Samantha n’était pas tranquille. Même si elle avait été très occupée à bavarder avec ses admirateurs depuis la fin de la dernière danse, comme elle était amoureuse de lui, elle avait toujours conscience de la présence de Lionel lorsqu’ils se trouvaient dans la même pièce. Elle l’avait vu envoyer sa mère et tante Agatha se rafraîchir et avait entendu ce qu’il leur avait dit. Il les avait éloignées pour pouvoir l’inviter à danser, comprit-elle quelques minutes plus tard. Il n’avait pourtant pas besoin de les éloigner pour l’inviter… Qu’il danse avec elle n’avait rien d’extraordinaire. Mais, en l’invitant à ce moment précis, il avait laissé seule Jennifer. Elle dansait maintenant avec le comte de Thornhill. Lionel n’avait-il donc pas vu le danger ? Protéger Jenny des assiduités du comte n’était-il pas de son devoir ?

— Jenny est en train de danser avec le comte de Thornhill… Elle n’a pas pu faire autrement. Elle ne pouvait refuser sans se montrer impolie.

— Oui, c’est ce que je vois.

Il ne paraissait ni surpris ni ennuyé. Pour un peu, on aurait dit qu’il l’avait souhaité. C’était absurde… Il avait dit à Jenny d’éviter le comte, il lui avait fait promettre de ne plus lui adresser la parole.

— Vous devez attendre avec impatience la soirée d’après-demain, déclara-t-elle.

— Vous croyez ?

Son sourire était exactement celui d’un cavalier bien élevé. Il se tenait à la distance convenable, et personne n’aurait remarqué en l’observant cette lueur particulière dans son regard – la même lueur que lorsqu’ils canotaient sur la Tamise.

— Ne me regardez pas comme ça !

— Comment pourrais-je m’en empêcher ? Excusez-moi tout de même.

Samantha se sentait profondément mal à l’aise. Certes, elle était follement amoureuse de lui, et il semblait partager ses sentiments, mais ils n’en avaient pas le droit. Il avait demandé la main de Jenny, qui la lui avait accordée. Peut-être s’était-il senti plus ou moins obligé, mais quoi qu’il en soit il l’avait fait et il devait l’assumer. Il n’avait donc pas le droit de la regarder et de lui parler de cette façon. C’était malhonnête, envers elle comme envers Jenny.

Ces derniers jours, elle avait commencé à voir en Lionel un homme faible, peut-être même un homme peu honorable, et cette idée l’avait profondément troublée et heurtée. Elle l’aimait. Mais elle l’aimerait toute sa vie dans le secret de son cœur, avait-elle décidé. Elle n’échangerait pas des soupirs et des regards enamourés derrière le dos de Jenny.

Pas question de faire une chose pareille.

— Je vous ai fait de la peine ? demanda-t-il.

— Oui. Jenny est ma cousine et ma meilleure amie. Elle est comme une sœur pour moi, et je veux la voir heureuse.

— Moi aussi. J’ai beaucoup d’affection pour elle. Parfois… Parfois, il nous faut faire preuve de cruauté si nous voulons être gentils, reprit-il après un instant de silence. Parfois, en voulant éviter de blesser quelqu’un, nous ne faisons que lui faire encore plus de peine, et pour plus longtemps.

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