Sous le soleil by Agatha Christie

Sous le soleil by Agatha Christie

Auteur:Agatha Christie
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Le Masque
Publié: 2022-05-03T07:41:59+00:00


Titre original : The Disappearance of Mr Davenheim

Traduction de Laure Terilli et Pascal Aubin

LE SANCTUAIRE D’ASTARTÉ

— Et maintenant, révérend Pender, qu’allez-vous nous raconter ?

Le vieil ecclésiastique sourit.

— J’ai vécu dans des lieux paisibles, déclara-t-il. Je n’ai pas assisté à beaucoup d’événements sortant de l’ordinaire. Une fois cependant, dans ma jeunesse, il m’est arrivé une bien étrange et tragique aventure.

— Ah ! ah ! fit Joyce Lemprière, en matière d’encouragement.

— Je ne l’ai jamais oubliée, poursuivit-il. Cela m’avait fait une profonde impression à l’époque, et il me suffit d’un léger effort de mémoire pour raviver l’angoisse et l’horreur de ce moment terrible où j’ai vu un homme frappé à mort par un élément non mortel.

— Vous me donnez la chair de poule, Pender, dit sir Henry.

— J’en ai eu moi aussi la chair de poule, répliqua Pender. Depuis je ne me suis jamais plus moqué de ceux qui utilisent le mot « atmosphère ». Ça existe. Il y a des lieux chargés, saturés d’influences, bonnes ou mauvaises, qui nous font sentir leur pouvoir.

— Les Mélèzes, c’est une maison qui porte malheur, remarqua miss Marple. Le vieux M. Smithers a perdu toute sa fortune et a été obligé de la quitter ; les Carslake lui ont succédé : Johnny Carslake s’est cassé la jambe dans l’escalier et Mme Carslake a dû partir dans le Midi de la France pour raison de santé ; et maintenant ce sont les Burden qui y sont, et j’ai entendu dire que M. Burden avait dû se faire opérer presque immédiatement.

— À mon sens, il s’agit surtout de superstitions, déclara M. Petherick. Ces histoires stupides qu’on colporte causent beaucoup de dommages à certaines propriétés.

— J’ai connu un ou deux « fantômes » doués d’une très forte personnalité, fit remarquer sir Henry avec un petit rire.

— Je suggère de laisser le révérend nous raconter son histoire, intervint Raymond.

Joyce se leva et éteignit les deux lampes, laissant la pièce éclairée par le seul feu dans la cheminée.

— Atmosphère, dit-elle. Maintenant, nous pouvons continuer.

Le révérend lui sourit, se carra dans son fauteuil, ôta son pince-nez et commença doucement l’évocation de ses souvenirs.

— J’ignore si vous connaissez Dartmoor. L’endroit dont je vais vous parler est situé en lisière de Dartmoor. C’était une charmante propriété, bien qu’elle n’ait pas trouvé d’acheteurs pendant plusieurs années. Elle était peut-être un peu sinistre en hiver, mais la vue était superbe et la maison elle-même était une construction intéressante et originale. Elle fut rachetée par un certain Haydon – sir Richard Haydon, l’un de mes anciens camarades de classe. Je l’avais perdu de vue depuis des années mais notre vieille amitié avait subsisté et j’acceptai avec plaisir son invitation à me rendre au Bosquet silencieux, comme s’appelait sa nouvelle acquisition.

» Les invités n’étaient pas très nombreux. Il y avait Richard Haydon lui-même et son cousin, Elliot Haydon. Il y avait une certaine lady Mannering, et sa fille, une pâle et discrète jeune personne prénommée Violet. Il y avait un certain capitaine Rogers et son épouse, des passionnés d’équitation, des gens hâlés qui ne vivaient que pour les chevaux et la chasse.



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