Sous l'aile noire des rapaces by Siniac Pierre

Sous l'aile noire des rapaces by Siniac Pierre

Auteur:Siniac, Pierre [Siniac, Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Rivages
Publié: 1995-09-05T21:12:13+00:00


Le pont de Blois était miné. Torgier, Henry et Haumelin étaient toujours aux aguets, au dernier étage de l’immeuble éventré. Le pont et ses abords immédiats semblaient déserts.

— On y va, dit Torgier.

Les trois hommes sortirent du logement détruit. Ils descendirent l’escalier oscillant. Par une porte ouverte ils virent le corps d’un vieillard qui avait dû se traîner jusque-là. L’homme avait le crâne écrasé et un madrier s’était effondré sur ses jambes. Alors qu’ils passaient dans l’embrasure d’une fenêtre du premier étage, Henry toucha Torgier au bras :

— Mate en bas…

Torgier – ce qu’ils n’avaient pu voir de leur perchoir – constata que la voiture militaire était toujours là, à l’entrée du pont. Elle s’était simplement déplacée de quelques mètres et était maintenant garée devant un café fermé. L’officier était toujours devant son téléphone de campagne.

Une batterie à fusées avait pris place sur l’autre rive de la Loire. Un sous-officier se trouvait dans une voiture, un téléphone de campagne décroché. L’homme consulta sa montre. Les soldats étaient prêts à donner le signal par fusée. Le sous-off, en dépit d’une friture épouvantable, s’efforçait de capter les ordres d’une compagnie d’un régiment de Dragons portés restée devant Tours. L’ordre de mise à feu devait partir de là, ce que comprirent Torgier et les deux taulards qui venaient de distinguer, minuscule, sur la rive opposée, la batterie à fusées.

Une barque était restée près d’une pile du pont. Trois hommes désignés pour allumer les mèches se trouvaient à bord.

Le pont était truffé d’explosifs aux points névralgiques.

— Vite ! lança Torgier.

Sur la rive gauche, le sous-off, écouteur à l’oreille, attendait, nerveux, les yeux braqués sur sa montre.

Torgier, Henry et Haumelin se mirent à ramper dans l’herbe, droit sur le pont. Ils parvinrent rapidement au bord de la Loire. Les sapeurs qui attendaient dans la barque ne pouvaient les voir, la pile du pont formant écran. Torgier, le fusil en bandoulière, entra dans l’eau. Il en eut très vite jusqu’à la ceinture. Ayant placé son arme hors d’atteinte de l’eau, il se mit à nager vers une barque peinte en rouge, laissée par les hommes du Génie au bas de la première pile du pont et maintenue à un pilot par une chaîne. Haumelin hésitant à entrer dans l’eau, Henry dut l’y pousser avec rudesse. Le truand et le faussaire nagèrent à leur tour jusqu’à la barque où avait pris place Torgier. L’opération s’était déroulée dans le plus grand silence.

Les mèches posées, la mise à feu semblait avoir été retardée. Du haut du pont, un sous-off avait lancé un ordre et la barque aux trois sapeurs regagnait la rive.

En haut, les sapeurs apprirent que des chars du 19e Dragons devant rejoindre Montrichard, sur le Cher, étaient annoncés. Ordre avait été donné de laisser passer les blindés.

Les huit chars attendus, des Somua à petits canons de 47, fonçaient sur la route à un train d’enfer, venant de Vendôme. Ils traversèrent à grand fracas un village à 4 km au nord de Blois.

Dans la barque, Torgier avait pris les rames.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.