Sonderkommando : dans l'enfer des chambres à gaz by Venezia Shlomo

Sonderkommando : dans l'enfer des chambres à gaz by Venezia Shlomo

Auteur:Venezia, Shlomo [Venezia, Shlomo]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, Italie, Shoah, histoire, Déportation
Éditeur: Bibliothèque du Chat
Publié: 0100-12-31T23:00:00+00:00


Y avait-il des non-Juifs avec vous ?

Non, tous les hommes travaillant dans le Sonderkommando étaient juifs. Les seules exceptions, à ma connaissance, étaient quelques prisonniers de guerre soviétiques envoyés dans notre Crématoire. Mais ils ne travaillaient pas, en tout cas, je ne les ai jamais vus travailler. Ils se contentaient de récupérer ce qu'ils pouvaient dans les vêtements des victimes. Dans le Crématoire II, il y avait aussi un prisonnier allemand non juif. Il s'appelait Karl, c'était un prisonnier criminel de droit commun. Tout le monde était persuadé qu'il avait été envoyé là pour servir d'espion aux Allemands. Il était toujours élégant et se comportait comme une ordure. Les hommes cherchaient à l'éviter autant que possible. J'aurai l'occasion de reparler de lui quand on abordera la révolte du Sonderkommando.

Quant aux quelques Russes dont je viens de parler, ils avaient d'abord été internés dans le camp d'Auschwitz I. Mais quand ils étaient trop nombreux ensemble, ils organisaient sans arrêt des plans d'évasion. Alors, pour éviter cela, les Allemands les ont séparés et répartis dans plusieurs secteurs du camp. Dans mon Crématoire, ils devaient être six ou huit, tous des militaires. Je me souviens de deux d'entre eux en particulier, l'un s'appelait Micha et l'autre Ivan. Si je me souviens bien, il y en avait un troisième qui s'appelait Sacha. Ivan était le plus jeune, il avait un visage rond d'enfant. En communiquant avec les mains et les pieds, j'ai appris qu'ils avaient été faits prisonniers en tentant de sauter en parachute au-delà de la ligne du front.

Dans les Crématoires, je ne les ai jamais vus travailler. Le kapo ne leur demandait rien et les laissait tranquilles, car ils n'étaient pas là, comme nous Juifs, pour travailler. Il y avait une grande animosité entre les Russes et les Polonais, a fortiori avec les Juifs polonais. Mais avec nous, Juifs de Grèce, ils n'avaient aucun problème. Ils ne faisaient qu'une chose : boire de la vodka, manger du saucisson et fumer des cigarettes. Un jour, un des Russes m'a invité à partager son festin. Il m'a dit : « Grecki, idi ciouda ! » « Le Grec, viens ici ! » J'ai hésité à m'approcher, car je n'avais pas compris et j'étais sûr qu'il m'avait insulté, comme les Russes avaient l'habitude de le faire avec tout le monde. Quand je me suis approché, ils m'ont tendu un verre de vodka. Pour moi, c'était la première fois, j'ai goûté, mais ils m'ont forcé à boire cul sec. J'ai bien failli m'étouffer. Un Russe m'a tendu un bout de pain et m'a dit de respirer fort dedans. C'est comme ça que la sensation de brûlure est passée.

Ils n'avaient aucun mal à se procurer autant de vodka et de nourriture qu'ils voulaient. Quand les groupes arrivaient et finissaient de se déshabiller, les Russes se joignaient aux prisonniers chargés de faire des paquets avec les vêtements (comme nous le premier jour dans le Crématoire). Mais au lieu de faire effectivement les paquets à envoyer au Kanada, ils n'avaient qu'un objectif : fouiller pour trouver les objets de valeur cachés dans les vêtements.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.