Sonde ton cœur, Laurie Rivers by Stéphane Bourguignon

Sonde ton cœur, Laurie Rivers by Stéphane Bourguignon

Auteur:Stéphane Bourguignon [Bourguignon, Stéphane]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782764424254
Éditeur: Québec Amérique
Publié: 2013-03-28T00:00:00+00:00


Une vingtaine de milles plus loin, elle atteignit l’autoroute quinze. Le temps continuait de se dilater et dans ce creux, cet espace laissé libre, le chagrin, la fatigue accumulée des mois précédents et maintenant la culpabilité d’avoir menti à Mark et d’avoir agi de la sorte avec sa mère, ne cessaient de venir la percuter. À Spencer, moins d’une heure plus tard, elle arrêta dans un restaurant pour trouver un téléphone.

— C’est moi.

— Ça va, Laurie ?

La voix de son mari.

— Qu’est-ce qui se passe?

— Rien, tout va bien, je voulais seulement te dire que je t’aime. Je pensais à toi et je me suis dit « quelle chance tu as, Laurie Rivers, d’avoir un mari pareil».

— Oh, Laurie…

— J’avais très envie de te parler. Je suis désolée.

— Mais pourquoi?

— Pour tout. Je suis désolée pour tout.

— Je ne comprends pas.

— Tout ce mal que je te fais.

— Mais quel mal, Laurie ?

— Je t’aime.

— Moi aussi, Laurie, qu’est-ce qui ne va pas?

Pour Laurie, prononcer les mots d’amour ravivait le sentiment à son esprit, réactivait le serrement de son cœur. Elle l’aimait véritablement.

— Bon, je te laisse si je veux arriver à l’heure.

— Tu as un rendez-vous dès ce soir?

— Oui, une sorte de cocktail de bienvenue.

— Un dimanche?

— Pas à l’école, chez la directrice.

— Tu es sûre que tout se passe bien?

— Oui, tout est parfait.

— N’oublie pas d’appeler Matt, il sera certainement ravi d’avoir de la visite.

— Oui, sans faute, dit-elle en souriant.

— Ça va mieux?

— Oui, ça va bien maintenant. Merci.

Il lui fallut quatre heures supplémentaires pour atteindre Missoula. La porte du motel verrouillée derrière elle, elle se mit à son aise. L’écart entre l’émotion qu’elle avait ressentie dans sa chambre de Lincoln, alors qu’elle était enceinte et que sa vie était riche, et celle qu’elle éprouva à Missoula, lui parut d’une cruelle tristesse.

Elle considéra la cafetière mise à sa disposition et elle hésita un moment. En fait, elle avait envie de prendre un verre. Elle était si fatiguée. Elle pourrait boire, voilà ce qu’elle pourrait faire, elle pourrait passer au liquor store acheter une bouteille de bourbon, ramasser quelques boîtes de coca-cola à la distributrice, remplir son bac de glace et se saouler tranquillement. Puis elle se souvint que c’était dimanche ; la vente d’alcool était interdite.

Elle s’allongea sur le lit et elle s’endormit presque aussitôt. Vers onze heures, elle se réveilla, parfaitement calme et sereine, mais encore si fatiguée. Elle fit sa toilette, presque solennellement, puis elle se remit au lit, croyant que ça y était, que les choses étaient en voie de rentrer dans l’ordre.

Elle émergea du sommeil à cinq heures du matin. En vain, elle regarda la télévision dans l’espoir de se rendormir. Vers six heures, elle s’habilla et passa à la réception prendre un journal. Alors que le café gouttait dans la cafetière, elle parcourut les titres du Times, incapable de s’astreindre à lire le moindre article. À sept heures elle alla manger une bouchée : céréales, muffins anglais, fruits frais, inclus dans le prix de la chambre.



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