Sommeil de plombs by Cleeve Brian

Sommeil de plombs by Cleeve Brian

Auteur:Cleeve, Brian
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Gallimard
Publié: 1967-04-21T16:00:00+00:00


CHAPITRE XII

Sean descendit du bus comme s’il quittait le seul endroit qui lui fût familier. Il tourna le coin d’une rue et se retrouva dans une artère commerçante à côté d’un bar Wimpy. Il y entra et alla s’asseoir le plus loin possible de la porte. Ce qui était stupide, il le savait, mais impossible pour lui de faire autrement. Comme si le fait d’être dans le coin le plus éloigné offrait une protection ! Après l’heure de pointe du déjeuner, le bar était désert. Deux cuisiniers italiens à demi assoupis attendaient derrière le vaste comptoir à damiers bleus et blancs, un foulard noué autour du cou, une toque de chef tirée sur le front.

— Donnez-moi un wimpy, de la salade et du lait, commanda Sean.

Et l’un des cuisiniers se mit lentement en mouvement.

Sean s’efforça de réfléchir, mais en vain. Il n’arrivait qu’à voir le visage violet de l’homme, le corps gras soulevé par la douleur qui luttait pour respirer, pour crier. Il sentait sous ses doigts le tissu brûlant, le portefeuille graisseux. Il le sortit de sa poche, y jeta un coup d’œil sous la table. Il leva les yeux pour regarder le comptoir. Les deux cuisiniers lui tournaient le dos, l’un préparait son déjeuner, l’autre bavardait. Dominant les bruits de cuisine, des mots italiens parvinrent à ses oreilles. Ils parlaient d’une fille. La voix de Niccolo. « À nous deux, Giovanni mio, on pourrait faire quelque chose. Je connais un type qui a fait un petit travail pour une fabrique de produits chimiques. Sais-tu combien il a gagné ? Vingt-cinq millions de lires… trente-cinq mille dollars. Uniquement pour rapporter trois dossiers d’une entreprise de produits chimiques rivale à Paris. Une formule dont ils avaient besoin, des détails. Il est allé à Paris, a pris contact avec la fille qui s’occupait de ces dossiers… »

Sean ouvrit le portefeuille. Il contenait de l’argent, un permis de conduire au nom de Albert Fetter avec une adresse à Paddington, la photographie d’une femme portant des lunettes, de deux enfants portant également des lunettes ; les filles de la femme probablement. Aucune des trois n’était jolie. Un vieux billet pour un match de football. Un billet de loterie pour le couvent du Saint Rosaire. Il remit le portefeuille dans la poche intérieure de son veston et le cuisinier posa un plateau devant lui.

Une fois le nez au-dessus du plat, il se rendit compte qu’il mourait de faim. Mais après la première bouchée, il s’étouffa, repoussa le plateau et but le lait. Le rouleau de billets de banque pesait dans la poche de son veston. Il glissa la main dedans et les feuilleta du pouce. Même si c’étaient des billets d’une livre, cela représentait beaucoup d’argent. Tu as juste besoin de quoi vivre un mois, avait dit Niccolo. Il faudra louer une villa. Tu ne te rends pas compte à quel point une villa impressionne les gens… N’importe qui peut louer un appartement, mais une villa, c’est autre chose. Ces gens travaillent sur une grande échelle, pense-t-on. Et on t’offre aussitôt des prix extravagants.



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