Sociologie de la religion by Max Weber

Sociologie de la religion by Max Weber

Auteur:Max Weber
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions Flammarion
Publié: 2011-03-14T16:00:00+00:00


7.13. Intellectualisme distingué et intellectualisme plébéien, intellectualisme paria et religiosité de secte

Nous ne pouvons nous étendre ici sur les relations de l’intellectualisme et de la religiosité dans la chrétienté médiévale. On peut dire en tout cas que, dans ses effets pertinents d’un point de vue sociologique, la religiosité n’y fut pas orientée par des pouvoirs intellectualistes. Les puissants effets du rationalisme monastique s’exercèrent dans le domaine des contenus culturels ; pour les détailler, il faudrait présenter une comparaison entre le monachisme occidental et le monachisme oriental et asiatique, que nous n’esquisserons que très brièvement plus loin. En effet, la spécificité des effets culturels exercés par l’Église d’Occident fut largement tributaire de la spécificité de ses moines. Le Moyen ge occidental ne connut pas (du moins à un degré significatif) d’intellectualisme religieux laïc à caractère petit-bourgeois, ni d’intellectualisme paria. On les rencontre parfois au sein des sectes. Le rôle joué par les couches cultivées distinguées dans l’évolution de l’Église ne fut pas mince. Les couches cultivées intellectualistes de l’époque carolingienne, de l’époque des Ottoniens, des Saliens et des Staufen œuvrèrent dans le sens d’une organisation culturelle impériale et théocratique, tout comme les moines Joséphites russes du XVIe siècle. Mais surtout, le mouvement de réforme grégorien et les luttes de pouvoir de la papauté furent portés par l’idéologie d’une couche intellectuelle distinguée qui s’allia à la bourgeoisie naissante pour faire front contre les puissances féodales. Avec la diffusion croissante de la formation universitaire et l’aspiration de la papauté à monopoliser la distribution de l’imposante quantité de prébendes dont cette couche était le porteur économique, à des fins de fiscalité ou de simple patronage, cette couche qui allait s’élargissant, et qui avait des intérêts dans les prébendes, se tourna d’abord principalement vers les intérêts nationalistes de monopole économique, puis, après le schisme, prit ses distances avec le pouvoir de Rome et compta parmi les « porteurs » du mouvement de réforme conciliaire et, par la suite, de l’humanisme. []

La sociologie des humanistes, qui n’est pas inintéressante en soi, n’entre pas dans le cadre de notre étude ; elle fut surtout marquée par le passage d’une culture chevaleresque et cléricale à une culture liée au mécénat de cour, avec les conséquences qui purent en découler. Ce furent surtout des motivations idéologiques qui conditionnèrent l’attitude ambiguë des humanistes au moment de la Réforme. Dans la mesure où ce groupe ne se mit pas au service de la culture de l’Église de la Réforme ni de celle de la Contre-Réforme (il joua un rôle tout à fait important d’organisation et de systématisation pour l’Église, les écoles et le développement des doctrines, mais ne fut pas celui qui donna les impulsions décisives), dans la mesure où, au contraire, il devint le porteur d’une religiosité spécifique (ou plutôt, en réalité, de toute une série de types religieux particuliers), son action en matière de religion n’eut guère de portée durable. Conformément au niveau de vie qui était le leur, les couches d’humanistes de formation classique entretenaient pour l’essentiel des



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.