Sissi jeune fille by Odette Ferry

Auteur:Odette Ferry [Ferry, Odette]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Aventure, Jeunesse
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

— Où Sa Majesté a-t-elle donc rencontré la dame ?

— Au bout d’une canne à pêche ! »

Charles-Louis, de plus en plus perplexe, se gratta la tête. Il y avait un des deux qui était fou. Lequel ? Ce n’était pas lui et ça n’avait pas l’air d’être Grünne non plus. De guerre lasse, il renonça à comprendre et se contenta de demander :

« La dame est-elle jolie ?

— Mieux que jolie : ravissante. C’est Sa Majesté elle-même qui me l’a dit quand il est parti avec elle.

— Il a rudement de la chance, mon frère », remarqua le jeune archiduc en frappant amicalement sur l’épaule de l’aide de camp, un peu surpris de tant de familiarité.

Les laquais avaient commencé à dresser les tables pour servir la collation. Les groupes se formaient selon leurs affinités. L’archiduchesse avait regagné le grand salon et devisait, aussi paisiblement que le lui permettait son énervement, autour d’une tasse de thé. Ludovica et Hélène lui donnaient la réplique. Mais ni les unes ni les autres ne pouvaient s’empêcher de jeter de furtifs regards vers la porte. On venait d’annoncer Son Excellence l’ambassadeur de France qui s’était incliné devant la presque souveraine. Puis, ç’avait été au tour du prince de Windisch-Graetz qui ne s’était pas fait faute de regarder Hélène.

« Que peut-il faire ? » s’interrogeait Sophie, tout en continuant à sourire. François-Charles, son mari, profitait de l’inattention de sa femme pour remplacer le thé qui lui était offert par une rasade de cognac. Puis il essuya ses favoris pour que l’odeur de l’alcool disparût.

Il était trois heures passées quand François-Joseph, souriant et détendu, fit son entrée dans le château d’Ischl. Il se dirigea avec désinvolture vers sa mère qu’il salua respectueusement. Celle-ci pinça ses lèvres, mais ne lui fit aucun reproche. Ce n’était pas le moment devant toute la cour assemblée !

L’empereur alors s’inclina devant Ludovica et baisa sa main.

« Je me réjouis, chère tante, prononça-t-il de sa voix chaude, de pouvoir vous saluer à Ischl. »

Le visage de la duchesse s’épanouit.

« Tout le plaisir est pour nous, mon cher Franz. »

Alors François-Joseph se tourna vers sa cousine. Les conversations cessèrent, car les invités eurent l’impression d’assister à une minute historique. Ils avaient tous compris soudain que la princesse Hélène était destinée à devenir l’épouse de l’empereur d’Autriche. La jeune fille, intimidée, esquissa une révérence de cour, consciente, elle aussi, que son destin était en train de se jouer. Elle sentit de fines gouttelettes de sueur perler à la naissance de ses cheveux, mais la présence de sa mère lui redonna du courage.

« Ma chère cousine, dit enfin le souverain, j’ai de la peine à vous reconnaître. »

Hélène rougit et répondit :

« De nombreuses années se sont écoulées depuis que nous nous sommes vus à Innsbruck. »

Franz continuait à l’observer.

« Vous êtes devenue très belle, Hélène. »

Elle baissa la tête pour qu’on ne pût lire sur son visage la joie que lui causait le compliment. Sophie et Ludovica échangèrent un regard lourd de signification. Leur rêve allait se réaliser.

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