[Sir Henry Merrivale 09] Le lecteur est prévenu by John Dickson Carr

[Sir Henry Merrivale 09] Le lecteur est prévenu by John Dickson Carr

Auteur:John Dickson Carr [Carr,John Dickson]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Librairie des Champs Elysées
Publié: 2017-01-31T00:00:00+00:00


XII

Sa première sensation, quand il s’en rappela, plus tard, fut toute de liberté, de gaieté même.

Il pouvait s’asseoir et lire ou penser à ses affaires personnelles, jouir enfin de sa solitude. Peut-être n’aurait-il pas dû laisser brûler toutes ces lumières, dans une maison qui n’était pas la sienne, mais cet éclairage convenait à son humeur. Au diable l’économie ! Dans le silence complet, les sens s’affinent, tout lui paraissait plus grand, plus net que dans la vie ordinaire ; tout était musique, depuis le choc du talon sur les carreaux du sol jusqu’au frémissement des feuilles du palmier qu’on frôle au passage.

Il regagna le salon, dont le parquet poli craqua sous ses pas. Il y faisait froid, très froid même, et il ferma la grande fenêtre ; puis, se ravisant, il revint sur ses pas la fermer au verrou. Toutes les fenêtres étaient accessibles du jardin. Étaient-elles toutes verrouillées ? Vraiment, ces maisons étaient mal défendues des incursions nocturnes.

Passant dans la salle à manger, il considéra quelque temps les grandes peintures noircies, les plats massifs posés sur la crédence. Il y avait dans le buffet une bouteille de bière à demi pleine encore, il s’en souvenait ; il l’en tira, la posa sur la table et s’en fut chercher un verre. Par la même occasion, il prit aussi un cendrier de porcelaine, une de ces machines compliquées qui s’ouvrent et se referment avec bruit chaque fois qu’on y secoue la cendre.

La bière, tiède, moussait beaucoup. Patiemment, il remplit son verre, alluma une cigarette, et s’assit près de la grande table ronde.

Il pourrait être intéressant quelque jour d’écrire une monographie sur les aspects médicaux de l’émotion appelée peur. On en avait déjà écrit, bien évidemment. Mais c’était seulement depuis qu’il avait rédigé son petit rapport pour Masters qu’il soupçonnait les profondeurs et les mystères des commotions. C’était là un nouveau champ d’investigation, un terrain assez mouvant du reste. Plusieurs personnes en avaient souffert, ces derniers jours, dont Hilary. Hilary ? Il ne savait pas encore ce qu’elle avait pu voir dans sa chambre, qui l’avait effrayée. Pour prendre un exemple concret, on pouvait fort bien admettre que Sam Constable était mort d’un choc nerveux, volontairement provoqué.

Derrière lui, la porte de la cuisine grinça brusquement.

Réprimant un sursaut, il attendit une fraction de seconde et tourna la tête.

Comme il s’y attendait, il ne vit rien. Ce sursaut réprimé, dont il avait honte, avait été évidemment causé par une simple contraction du bois : rien de tel comme le brusque mouvement d’un objet inanimé pour agacer les nerfs. La cuisine était obscure, de même que la serre dont la porte vitrée donnait sur le salon.

Le moment était mal venu, semblait-il, pour analyser la résistance nerveuse. Mieux valait s’occuper ; se lever, par exemple, et aller voir comment Mina Constable allait.

Éteignant sa cigarette, il vida son verre et s’engagea dans l’escalier. Au coup frappé à la porte de Mina, pas de réponse. Il n’en attendait pas du reste ; la morphine avait dû agir. Il ouvrit la porte avec précaution et passa la tête.



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