Sex Aequo : Le quiproquo des sexes by Jean-Paul Mialet

Sex Aequo : Le quiproquo des sexes by Jean-Paul Mialet

Auteur:Jean-Paul Mialet [Mialet, Jean-Paul]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai
ISBN: 9782226220820
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2011-03-01T23:00:00+00:00


Entre désir et réalité : l’écran de nos projections personnelles

La pratique d’un psychiatre se confronte en permanence au décalage entre ce qui est vécu, et ce que l’on anticipait. J’accueille toujours avec beaucoup de prudence les propos que l’on tient sur ce que l’on fera si son conjoint vous trahit, ou, plus largement, si la vie vous trahit.

Nous vivons en permanence dans deux mondes qui se conjuguent comme ils peuvent : un monde de représentations grâce auquel nous balisons notre route et qui nous donne l’impression de ne pas être complètement perdus, et un monde d’expérience pratique souvent en désaccord avec ces représentations, mais qui conduit à des réajustements et nous maintient en éveil. Parfois, nous tenons tant à nos représentations que nous ne sommes pas capables de les modifier en observant le décalage entre ce que nous nous disons et ce que nous faisons. Ainsi, comme on l’a vu pour les naissances des enfants, chacun fait plus ou moins preuve de calcul, mais reste convaincu de laisser faire la bonne nature.

Le maternage semble obéir à des mécanismes biologiques et Sarah Blaffer Hrdy juge que l’on peut qualifier d’« instinctives » les émotions qui relient mère et enfant lors des premiers mois. Mais une relation doit être expérimentée pour être ressentie.

Tant qu’elles n’avaient pas les moyens de contrôler leur maternité, les femmes n’échappaient pas à l’expérience. C’était peut-être parfois une mauvaise expérience, mais souvent également, en raison de toutes les dispositions biologiques qui favorisent la relation de la mère et de l’enfant (tant du côté de la mère que du côté de l’enfant), c’était une découverte exaltante.

Aujourd’hui, elles doivent décider d’être mère avant de l’avoir vécu. Or là, si l’on s’en tient à l’exposé des faits, et non au vécu, il est vrai que la maternité n’est pas tentante. On conçoit que le désir d’enfant puisse disparaître chez certaines femmes. Habituées à réfléchir et non à vivre, elles ne voient pas de raisons de désirer un enfant. Et il n’y en a pas. Le désir d’enfant ne répond à aucune logique. Pas plus que l’amour et la vie.

Le repli stratégique vers la contemplation de soi-même est une menace constante ; transmettre la vie est sans doute la meilleure des garanties contre cette menace. Avec l’enfant se tisse une relation qui ouvre sur le monde imprévu de l’autre, et en nous en apprenant sur lui il nous en apprend davantage sur nous-mêmes. L’internaute qui ne veut pas d’enfants se plaint de la solitude des mères d’aujourd’hui : comment peut-il en être autrement si l’on n’ose plus prendre le risque d’être déçu dans ses désirs en affrontant les risques de la rencontre et du partage ? En cherchant toujours à combler des désirs qui s’enracinent dans des représentations erronées – si elles ne s’appuient pas sur du vécu –, ne risquons-nous pas de rester tout simplement seuls, les uns au milieu des autres, sans avoir pris le risque de vivre ?

Sommes-nous devenus à ce point prisonniers de notre besoin de maîtrise ?



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