Serre-moi fort by Claire FAVAN

Serre-moi fort by Claire FAVAN

Auteur:Claire FAVAN
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Robert Laffont
Publié: 2016-08-14T16:00:00+00:00


13

ADAM OUVRE LES YEUX. Son cœur cogne contre ses côtes, comme s'il allait crever sa cage thoracique, façon Alien. Ses oreilles sifflent. Désorienté, perdu, il s'efforce de retrouver une respiration lente, inspire par le nez et souffle par la bouche tout en observant ce qui l'entoure.

Jusque-là, tout va bien. Il est chez lui, dans son lit.

Il a pris l'habitude, au réveil, de toujours inspecter son environnement avant de parler. Il s'est trop de fois endormi dans le lit d'autres femmes pour prendre le risque de gaffer devant Barbara lors des périodes où elle n'était pas hospitalisée. Et même si ces derniers temps il n'a pas découché, les réflexes acquis au fil des ans ont la peau dure.

Il se passe la main sur le visage.

Sacré cauchemar ! Adam se rappelle la meute de silhouettes momifiées qui le pourchassaient, lui hurlant de leur rendre leur nom. Il sentait leurs doigts gras se prendre dans ses vêtements et ses cheveux, leurs ongles racornis labourer la peau de son dos.

Cette enquête le mine. Certes, ils ont identifié une majorité des corps retrouvés dans la grotte, mais cela ne leur sert à rien. C'est comme si le meurtre avait certaines caractéristiques des tueurs organisés pour tout ce qui est de préparer ses enlèvements, ne pas se faire repérer ni laisser de traces, doublées de l'imprévisibilité du tueur désorganisé quant au choix de ses proies. Et rien n'est pire pour les enquêteurs que des victimes choisies au hasard et que rien ne relie entre elles.

Les dix-huit jeunes femmes qui ont récupéré leur nom n'ont rien en commun, à part ce qu'ils ont déjà mis en exergue en termes de personnalité.

Elles n'ont pas fréquenté les mêmes écoles, ni les mêmes personnes, ni les mêmes hôpitaux, ni les mêmes magasins. Elles n'ont pas fait appel aux mêmes sociétés de service, aux mêmes plombiers, aux mêmes catalogues par correspondance, aux mêmes sites Internet de rencontres ou autres.

Si certaines font du sport, elles ne pratiquent pas le même, pas dans les mêmes lieux, ni dans les mêmes salles. Si certaines ont été enlevées en sortant d'un bar ou d'un restaurant, il ne s'agit jamais du même établissement et ils n'ont pu identifier aucun individu, client ou membre du personnel commun à toutes ces soirées. Si d'autres ont disparu en bas de chez elles, il ne s'agit pas des mêmes quartiers, ni du même type de résidence. Même chose pour celles qui ont eu affaire à lui en sortant d'une supérette ou de leur travail.

Ce malade sévit dans tous les secteurs de la ville, dans toutes les couches sociales, tous les environnements, toutes les classes d'âge, allant des étudiantes douées aux femmes d'affaires les plus ambitieuses. Toutes les opportunités sont saisies et exploitées.

Ce type est invisible et capable de les attirer à lui, loin des caméras, sans qu'elles fassent mine d'hésiter. Leur entourage ne les a pas entendues parler d'un importun leur tournant autour, ni d'un sentiment d'être surveillées ou en danger. Elles étaient heureuses, sûres d'elles et en pleine possession de leurs moyens, avant de disparaître.



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