Sans bon sang by Annette Saint-Pierre

Sans bon sang by Annette Saint-Pierre

Auteur:Annette Saint-Pierre [Saint-Pierre, Annette]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Juvenile Fiction
ISBN: 9782896110261
Éditeur: Les Éditions des Plaines
Publié: 2011-09-09T20:56:41+00:00


– 14 –

Gisèle était intriguée par ce Québécois qui lui souriait chaque fois qu’elle le croisait dans la rue Aulneau. Un jour, il l’aborda gentiment, parla de la température et, la dévorant des yeux, manifesta le désir de mieux la connaître. Gai luron, doué d’un sens de l’humour peu banal, il acceptait difficilement de passer une fin de semaine sans aller danser, voir un film ou manger au restaurant. La solitude le rendait fou. Heureusement, l’atmosphère de la ville de Winnipeg lui était une véritable thérapeutique avant de réintégrer, chaque lundi matin, le bureau étroit et sans fenêtre de la Banque provinciale. Ce type dépourvu d’économies se plaisait à brûler chaque sou de son maigre salaire. Il était heureux.

– Pourquoi économiser? demandait-il à ceux qui s’étonnaient de ses prodigalités. Et il ajoutait en éclatant d’un grand rire de Québécois : Les Manitobains ont l’air triste parce qu’ils vivent pour le lendemain.

Les rencontres de plus en plus régulières rapprochaient Gisèle de cet homme généreux qui s’habillait avec une certaine élégance. Parce que leur mariage respectif s’était révélé une mésalliance, tous les deux se tenaient sur leurs gardes, ne sachant pas s’ils avaient encore envie d’une chaumière et d’un cœur fidèle.

L’ épouse de Philippe Baudoin, une alcoolique invétérée, n’était plus qu’une épave recueillie par sa fille, quelque part dans une ville des Cantons de l’Est. Quant à Norman Star, disparu sans laisser de traces, Gisèle ne savait plus quoi penser. À moins qu’il ne se soit enlevé la vie...

Le départ subit de Norman l’avait d’abord chagrinée mais, par la suite, un concours de circonstances avait allégé sa peine. Quand son imagination lui rappelait les deux principales étapes de sa vie, elle rejetait aussitôt le scénario du cheminement de Gisèle Star pour lui préférer celui de Gisèle Bergevin. Elle tendait alors la main à la jeune fille d’autrefois, celle d’avant son mariage, et renaissait lentement à la vie qui lui réservait sans doute un peu de bonheur.

Philippe Baudoin lui rappelait le Québec, le pays de l’enfance heureuse et de l’amour de ses parents. Avec lui, Gisèle se sentait plus jeune, plus naturelle et mieux adaptée au milieu. D’un même accent, ils évoquaient le Québec de la béatitude : les fêtes multiples, la richesse des scènes d’automne, les joies d’hiver dans les montagnes, les folies de la cabane à sucre au printemps et les sables des plages chaudes.

La première fois que Martha avait rencontré l’ami de sa mère, elle avait cessé de s’inquiéter de l’avenir de cette dernière. D’ailleurs, son emploi à l’hôpital de Saint-Boniface ne lui permettait-il pas de se payer un appartement? « Ma mère ne doit pas s’enterrer vivante parce que mon père l’a abandonnée », pensait Martha. Au dire de Madame Lavallée, une femme dans la trentaine, jolie et aimable comme Gisèle, devait sortir et se créer un cercle d’amis, et ce n’est pas en demeurant avec une invalide qu’elle allait y réussir.

Par ailleurs, quand Martha avait parlé de la quitter, Lucille Lavallée avait insisté pour la garder jusqu’à la



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