Sanction by Von Schirach Ferdinand

Sanction by Von Schirach Ferdinand

Auteur:Von Schirach, Ferdinand [Schirach, Ferdinand von]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Gallimard
Publié: 2020-01-25T15:05:46+00:00


Après la messe, tout le monde se retrouve sur le parvis de l’église. Elle serre la main au prêtre. Sur le chemin du retour, elle voit des primevères et des anémones des bois en fleur dans les jardins, le ciel est bleu clair, il y a du vent, c’est une journée de printemps, ses cheveux lui fouettent le visage.

À moitié assis, les fesses à quelques centimètres du sol, son mari est suspendu au bout d’une corde attachée au sèche-serviettes de la salle de bains. Il porte la combinaison de plongée noire qu’il s’était achetée pour leur voyage de noces aux Maldives. Le moindre centimètre carré de la combinaison est recouvert de petits morceaux de fromage fondu collés au néoprène, le sol près du corps est jonché d’emballages en cellophane. Sa tête est enveloppée de film étirable transparent, son visage étrangement lisse. Ses organes génitaux pendent par un trou de la combinaison, comme un petit animal.

Elle déplie un mouchoir sur son sexe et s’assied sur le bord de la baignoire. Elle perd la notion du temps. Elle finit par s’agenouiller près du corps. Elle couche la tête de son mari au creux de son bras, enlève le film sur son visage et lui caresse les cheveux. Elle récupère les morceaux de fromage, certains sont déjà coulants. Elle met près de deux heures à le déshabiller et à le traîner jusqu’au lit. Elle est épuisée, et elle est en colère. Elle le borde, s’allonge à côté de lui et pleure une vingtaine de minutes. Puis elle s’endort.

À son réveil, elle se sent droite dans ses bottes. Elle prend une longue douche brûlante, se maquille et enfile des vêtements propres. Au salon, elle téléphone au médecin de famille.

Le médecin voit les petits points de sang dans les yeux du cadavre et les lésions sur son cou. Il lui dit qu’il doit prévenir la police, ce n’est pas une mort naturelle. Dans la cuisine, ils attendent l’arrivée de la brigade criminelle du chef-lieu. Il est déjà minuit passé.

Au commissariat, on lui prend ses lacets et sa ceinture. Risque de suicide, dit la policière. Clefs de la maison, montre, chaîne, alliance et sac à main doivent être déposés dans une caisse en plastique rouge. On la fouille.

Au cours de l’interrogatoire, elle répète qu’elle a trouvé son mari dans leur lit. Le policier est jeune, il est de permanence les jours fériés parce qu’il n’est pas encore marié et n’a pas d’enfant. Il dit qu’elle a étranglé son mari pendant son sommeil. Puis qu’elle a pris une douche et appelé le médecin de famille. Les serviettes dans la salle de bains étaient encore humides. Ça ne sert à rien de continuer à nier, elle n’a qu’à dire pourquoi elle a fait ça. Quand elle arrête de répondre, on la reconduit à sa cellule.



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