San-Antonio met le paquet by San-Antonio & San-Antonio

San-Antonio met le paquet by San-Antonio & San-Antonio

Auteur:San-Antonio & San-Antonio
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fleuve Noir


*

Lavoine achève une ravissante cocotte en papier à laquelle il a dessiné les châsses de Sophia Loren au crayon-bille lorsque j’enfonce le loqueteau.

— Déjà ! fais-je, content d’avoir à qui parler de l’affaire.

— Oui, patron.

— Tu as mon tuyau ?

— Voilà.

Il me tend une feuille de bloc. En caractères d’imprimerie il a écrit :

Raminagrobis, rue des Martyrs

Propriétaire : Ange Ravioli

— C’est le gars qui loua la carrée de Magny ?

— Oui, m’sieur le commissaire. Il tient une taule de strip. Il a été locataire là-bas de 55 à l’été 58. Ensuite la maison est restée fermée.

— Des tuyaux sur ce Ravioli ?

— Petit pedigree. Deux plombes en 45 pour abus de confiance. Trois ans de Centrouze en 49 pour attaque à main armée. Depuis plus rien… Il s’est lancé dans la limonade avec des capitaux mystérieux… Il passe pour être rangé des voitures.

— Marida ?

— Maqué avec une ancienne entraîneuse de chez Mémène.

J’enregistre tout cela avec une évidente satisfaction. Cet Ange Ravioli aurait joué Arsenic et Vieilles Dentelles dans la strasse de Magny que ça ne m’étonnerait pas.

— Beau boulot, Lavoine.

Il rosit de confusion.

— Il faut dire que j’ai eu un coup de vase : j’ai téléphoné aux agences de location de Magny-en-Vexin et je suis tombé sur un zig qui m’a affranchi.

— Bravo !

Comme il quitte mon territoire, le bigophone intérieur appelle au secours. C’est Mathias qui s’informe si je suis rentré.

— Amène-toi, fils !

Il ne se fait pas prier.

— Qu’est-ce que ça a donné, ta petite distribution de prospectus ?

— À vrai dire pas grand-chose ! Pourtant y aura peut-être du nouveau au sujet de l’homme du côté de l’Allemagne.

— Raconte !

— C’est l’histoire des pouces écrasés, ça a rappelé quelqu’un à un de nos collègues de Lille ; un trafiquant chleu qui aurait fait parler de lui y a quelques années à Hambourg. J’ai adressé un câble aux services de cette ville et j’attends la réponse.

— Très bien.

Je suis content de mes hommes, content de moi aussi. Je tends mon appareil photographique à Mathias.

— Porte ça au labo. Dedans y a deux photos à développer, elles ne doivent pas être fameuses car je les ai prises à l’intérieur d’un appartement et sans flash. Sans viser non plus. Qu’ils en tirent le maxi, hein ?

— Entendu…

— Pas de nouvelles de Pinaud et de Rigolier ?

— Pas encore… Dame, il n’est que six heures moins vingt et Magny c’est tout de même pas à côté !

Il s’en va. J’ai l’esprit en paix comme une cuisinière qui a mis son repas « en train ». Ça mijote sur le réchaud à gaz, y a qu’à attendre que le temps de cuisson soit révolu.

Je laisse la consigne au planton et je descends au café d’en face écluser un pastaga-tomate. Dans mon mixer, c’est plein de bouts d’idées bizarroïdes qui tourniquent pour chercher leur place. Elle viendra, j’ai confiance. Je roule les bobs avec le taulier en attendant de nouveaux résultats. Comme je suis dans une bonne passe, je lui colle deux tournanches dans le tiroir, ce qui cause un certain désagrément au cher homme.



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