Salam, Dalgat ! by Alissa Ganieva

Salam, Dalgat ! by Alissa Ganieva

Auteur:Alissa Ganieva [Ganieva, Alissa]
La langue: fra
Format: epub
Tags: littérature russe, nouvelle
ISBN: 9782815908054
Google: mTSRAQAAQBAJ
Éditeur: L'Aube
Publié: 2013-06-04T22:00:00+00:00


14. Lezghinka (ou Lezghinka) est une danse nationale de nombreux peuples des montagnes caucasiennes.

15. Instrument à vent, répandu en Orient.

16. Feuilles de chou farcies.

17. Chef de tablée (coutume caucasienne).

18. Combattants indépendantistes, auteurs d’actes terroristes.

6

« Je n’ai rien compris, dit Dalgat ; je voulais m’approcher, regarder Aïdemir.

— Quel intérêt de regarder un chien… » répondit Mourad, sans aucune trace d’émotion.

Ils allèrent sur la plage de la ville, enlevèrent leurs sandales, marchèrent sur le sable piétiné où des gens joyeux et bruyants étaient allongés sur des serviettes. Dalgat regarda la mer agitée de vagues, d’un gris trouble ; les lointains contours d’une usine désaffectée sur une île qui faisaient penser à un canard ; la bande de baigneurs qui s’ébrouaient dans une eau peu profonde et sale.

Des femmes, jeunes et vieilles, entrèrent dans l’eau dans des espèces de chemises de nuit longues qui leur collaient au corps. Au même endroit, des adolescents se poussaient dans l’eau avec des cris perçants, tandis que deux jeunes filles, dans de minuscules maillots, hurlaient littéralement parce que quelqu’un les avait attrapées par les pieds.

Les enfants riaient et couraient, criaient dans d’incompréhensibles dialectes montagnards, allaient prendre chez leurs mères – d’imposantes matrones – des épis de maïs bouillis. « Petits pâtés chauds ! » s’égosillait une femme dans une robe qui pendait d’un côté, en enjambant les corps mouillés. À côté, plusieurs jeunes filles marchaient en devisant joyeusement. Dalgat remarqua que l’une d’elles portait une tunique musulmane et un hidjab, une autre, un fichu rouge de mauvaise qualité et une longue jupe fendue à moitié transparente ; d’autres encore, un pantalon à la mode, provocant. Des garçons les suivaient, plaisantaient, ramassaient des poignées de coquillages pour les leur lancer dans le dos… ou plus bas. Mourad marchait en silence, tête baissée, en tiraillant son pantalon court.

Des Tchétchènes, en caleçons de bain mouillés avec du sable collé dessus, jouaient bruyamment au ballon, tandis que sur des barres fixes qu’on avait installées là, étaient accrochés des grappes de jeunes gens et de gamins. Plus loin, derrière un tas de pierres, on voyait les grues d’un port paisible. Mourad et Dalgat grimpèrent sur les pierres entre lesquelles se tenaient des pêcheurs russes avec leurs seaux en aluminium, et ils finirent par s’asseoir tout au bord de l’eau. Dalgat soupira :

« Ce n’est pas bien de traiter de “chien” un homme qu’on ne connaît pas.

— Hum ! grommela Mourad en offrant ses jambes aux vagues du ressac. Qui ne le connaît pas ? C’est un voleur. Tu vois, là-bas, les grands immeubles derrière l’usine Kaspiisk ? fit-il en tendant le bras sur la droite. Trois de ces immeubles étaient à lui.

— Pourquoi “étaient” ? Il est encore vivant, marmonna Dalgat.

— C’est un renégat, un apostat. Il est comme tous ces mécréants et ces traîtres à la patrie, avec leurs ­blagues djahilistes19. »

Mourad cracha dans la vague qui arrivait.

« Tout ça, c’est à cause du Koufr20.

— Du quoi ? »

Mourad se tourna vers Dalgat et gratta sa joue couverte de barbe.



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