SAINT LOUIS by Jean RICHARD

SAINT LOUIS by Jean RICHARD

Auteur:Jean RICHARD
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fayard


L'auteur de la chanson se présente comme un des barons de royaume, de ceux « qui sont nés des fiefs », et il s'exclame : « j'aime bien rester le maître de mon fief. » Il exprime donc le point de vue des chevaliers et des barons qui se considèrent comme tenus d'apporter au roi leur service de conseil. « J'eusse menti ma foi », ajoute-t-il, « si j'avais ainsi laissé mon seigneur déconseillé. » Le péché que risque de commettre le roi, à ses yeux, c'est de laisser l'habileté procédurière, la « clergie », des clercs et des gens de plume, l'emporter sur la possibilité de faire la preuve de son bon droit en mettant son corps en danger. Edmond Faral, qui a étudié cette chanson, a pensé qu'elle pouvait être l'écho du procès engagé par saint Louis contre Enguerran de Coucy, peu après l'adoption de l'ordonnance sur la procédure d'enquête. En tout cas, l'auteur, qui proteste de sa loyauté envers le roi, s'insurge contre la prééminence auprès de lui de conseillers dont aucun, sinon Simon de Nesle qui est sans doute celui qu'il accuse d'être « épris de clergie », n'appartient au monde des barons.

Il n'est pas sans intérêt de constater que l'accent de cette chanson rappelle celui de la déclaration souscrite en novembre 1246 par les barons du royaume qui s'en prenaient alors aux abus de la justice ecclésiastique en matière temporelle :

« Les clercs, après nous avoir abusés par une feinte humilité, s'élèvent maintenant contre nous avec la ruse des renards et s'enflent d'orgueil, sans songer que c'est par la guerre et par le sang des nôtres que, sous Charlemagne et les autres, le royaume de France a été converti de l'erreur des païens à la foi catholique. Ils empiètent tellement sur la juridiction des princes séculiers qu'aujourd'hui les fils des serfs, dès qu'ils sont clercs, jugent selon leurs lois les hommes libres et les fils des hommes libres, alors qu'ils devraient bien plutôt être jugés eux-mêmes par nous selon les lois des anciens conquérants de la Gaule. »

Et les « grands du royaume » insistaient alors sur ce que « le pays n'a point été acquis par le droit écrit ni par l'arrogance des clercs, mais par le sang des guerriers ». En 1246, ils avaient bénéficié de l'appui du roi. Quinze ans plus tard, c'est contre la cour royale, acquise aux nouvelles tendances du droit, que se manifeste la mauvaise humeur des barons et des gentilshommes. Le Parlement allait effectivement devenir l'instrument de la mise au pas des seigneurs justiciers et de l'introduction d'une procédure qui devait transférer aux institutions judiciaires de la royauté la réalité de l'administration de la justice.

L'auteur de la chanson déjà citée laisse entendre que le « gentil cœur du roi » n'aurait pas manqué de rétablir la saine coutume si sa voix pouvait percer l'écran qu'un entourage acquis à la « clergie » constituait autour du souverain. Mais il est certain que saint Louis, respectueux de la coutume, savait s'en écarter quand il estimait que celle-ci était contraire à l'équité.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.