rosa candida by Audur Ava Ólafsdóttir

rosa candida by Audur Ava Ólafsdóttir

Auteur:Audur Ava Ólafsdóttir [Inconnu]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature islandaise
ISBN: 9782843045219
Éditeur: Zulma
Publié: 2011-03-18T23:00:00+00:00


TRENTE-HUIT

Les films du soir me sont d’un grand soutien, même s’ils sont en diverses langues et non sous-titrés. J’essaie aussi, de temps en temps, de m’entretenir de choses simples dans le patois du village avec mon voisin de la chambre sept. Je suis alors assis là, le dictionnaire sur les genoux – ce qui rend les échanges fort lents, mais pas impossibles.

« J’ai ici de tout, sauf de la violence », dit mon voisin. Il est clair que chaque soirée cinématographique est l’occasion pour mon hôte de retrouvailles avec un chef-d’œuvre.

« Je ne regarde, de préférence, que les films qui sont plus grands que la vie, dit-il en me tendant la boîte qui était sur la table. Ce film renferme une quantité d’intelligence et de désir. » Il me reprend la cassette des mains et la range sur une étagère. Puis il va chercher une bouteille et tire les rideaux.

« Cette exigence faite à l’art de montrer la réalité m’étonne, dit-il, tourné vers la fenêtre. On penserait plutôt que les gens en auraient marre de la réalité quotidienne. »

Lorsqu’il s’agit d’un film dans une langue que je ne comprends pas, frère Thomas en résume le sujet en quelques phrases bien frappées. Même s’il fait deux ou trois pauses au cours de la projection pour me mettre au fait du déroulement de l’action, j’ai souvent du mal à me faire une idée du contenu du film par rapport à son résumé. Il attache plus d’importance à transmettre le génie créateur de chaque réalisateur. Il ne se donne pas la peine de dérouler pour moi le fil de l’action mais souligne plutôt la structure de telle ou telle séquence, s’adonne à des spéculations sur l’angle de prise de vue, mentionne les lieux de tournage et arrête la projection pour me signaler des montages insolites, qui relèvent du secteur le plus digne d’intérêt à ses yeux dans le domaine du cinéma.

« La beauté est dans l’âme de celui qui regarde », dit-il.

Il s’intéresse aussi à la construction psychologique, mais là, il va généralement très loin dans son analyse et il m’est difficile de le suivre. C’est plutôt comme s’il me donnait des indications ou des clefs dont je devrais me servir pour élucider le sens par moi-même. Et bien qu’il soit parfois difficile de comprendre ce qui se passe sur l’écran, c’est en tout cas préférable à rester seul tous les soirs, enfermé dans sa chambre. Frère Thomas a aussi des semaines à thème qu’il dédie à des metteurs en scène, à des sujets ou à des acteurs particuliers. Nous discutons ensuite un petit moment du contenu, tout en vidant nos petits verres.

Le film de ce soir est tout en bleu – ce que le vieil appareil ne rend pas bien malgré les rideaux tirés par frère Thomas. Le film commence par un accident mortel sur une route mouillée et s’achève sur l’ode à l’amour du prochain du messager de l’Evangile, Paul, chantée par une voix de soprano. La mort plane continuellement au-dessus



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