Roma Mater by Poul et Karen Anderson

Roma Mater by Poul et Karen Anderson

Auteur:Poul et Karen Anderson [Anderson, Poul et Karen]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy
Éditeur: Calmann-Lévy
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


XIV

1

Depuis le port et les marchés, à travers le Forum et dans la ville haute où demeuraient les riches – des philosophes de la maison de l’Étoile aux marins de la maison des Guerriers – de Port-Scot sous les falaises jusqu’aux bruyants ateliers de la porte Haute – des cottages surplombant le canal aux hameaux du fond de la vallée –, le bruit se répandait dans Ys et ses environs. Il allait se passer quelque chose d’extraordinaire. Ce matin, après que la Reine fut revenue de Sena, la barge n’en avait point emmené d’autre pour une nouvelle Veille. Les Neuf s’étaient rassemblées dans le temple de Bélisama.

Quelques-uns savaient qu’elles répondaient à une initiative du Roi. Nul ne savait pour quelle raison.

Gratillonius quitta seul le palais. Le Roi avait toute latitude pour agir ainsi, pour être un homme parmi les hommes, qu’il sorte à pied ou à cheval. Il revenait aux empereurs de trôner au sein d’un cortège resplendissant, loin au-dessus du genre humain, à moins qu’ils ne fussent les jouets apprêtés d’hommes sans scrupules. Une fois assurée la victoire de Maxime, Rome retrouverait les empereurs soldats qui avaient fait sa gloire.

Vêtu d’une cape toute simple, Gratillonius gagna l’avenue de Lir pour se diriger vers la ville haute. La grande artère commençait à s’animer. Les quelques passants qui le reconnurent portèrent un doigt à leur front pour le saluer ; il leur répondait d’un signe de tête sans même ralentir le pas. Deux ou trois personnes s’approchèrent de lui, cherchant de toute évidence à quémander une faveur. Le geste qu’il leur adressa les en dissuada. Visiblement, le Roi était pris par une mission sacrée.

De toute façon, l’usage ne l’obligeait pas à écouter les pétitionnaires, ou à accorder des aumônes. C’était du ressort des Suffètes, des grandes maisons, des guildes, des temples. Par le passé, il était arrivé qu’un souverain écoute les plaignants ou comble les mendiants, mais fort rarement. Gratillonius s’en était pour l’instant abstenu, ne fût-ce que par manque de temps. Et puis, cela ne seyait pas à un centurion. De temps à autre, il se demandait s’il ne devait pas instituer une sorte de cour de justice ouverte aux citoyens ayant épuisé tous les autres recours – des audiences bimensuelles, par exemple. Mais il serait peu sage de s’engager dans ce sens tant qu’il ne connaîtrait pas mieux la cité et ses usages. Les notables pourraient se hérisser en voyant ainsi le Roi usurper l’une de leurs fonctions de jadis. Sa mission exigeait de lui qu’il s’assure leur pleine coopération, et les motifs de friction avec eux lui semblaient déjà trop nombreux.

Les garnements qui s’étaient mis à le suivre par jeu y renoncèrent lorsqu’il entra dans le jardin des Elfes en quête d’un peu de calme. Le public n’avait pas accès à ce havre exquis, aux massifs agréables à l’œil et aux fleurs abondantes. Il se retrouva seul. Si une autre personne se manifestait, le dédale de haies et de sentiers lui assurait néanmoins une certaine intimité, en dépit de l’exiguïté des lieux.



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