Roma enigma by Piersanti Gilda

Auteur:Piersanti, Gilda [Piersanti, Gilda]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Le Passage
Publié: 2013-10-09T22:00:00+00:00

12. Istituto Centrale del Restauro : institut central pour la restauration.

Les restes de sa vie d’avant

Gabriele quitta son domicile de bonne heure. Le vendredi, il avait cours à huit heures, mais ce matin il n’irait pas à la fac. En embrassant sa mère, il se montra plus affectueux que d’habitude. Elle se dit qu’il voulait se faire pardonner sa colère. Il est vrai que cela ne lui ressemblait pas, et elle en était encore toute retournée : il s’était emporté à cause de l’inspecteur De Luca qui, deux jours plus tôt, avait débarqué chez eux sans prévenir. « Le jour de mon anniversaire ! » ne cessait-il de répéter.

Il traversa la place, entra chez Damiani et acheta un mont-blanc. La patronne lui prépara le paquet sans entamer la conversation. Les Pollastrini n’avaient jamais été de bons clients, autrefois la mère achetait des gâteaux de temps en temps, mais ce n’était plus du tout le cas depuis des années. Ces derniers temps, le fils venait au magasin uniquement en compagnie de madame Baldelli. Lucetta n’aimait que les gâteaux à la crème, mais son protégé raffolait de tartes aux fraises, et quand ce n’était pas la saison, elle lui achetait des crostate. La patronne se demanda pour qui était le mont-blanc, mais elle n’osa pas lui poser la question.

Sa petite boîte à la main, Gabriele remonta la Via Cravero. Il ne pensait pas à Lucetta mais à madame Pecorelli, qui l’attendait chez elle. Il avait appris par les journaux que Monica avait été enterrée dans un petit cimetière sur les rives du lac de Côme ; bientôt, il irait la voir, quand tout le monde l’aurait oubliée, sauf lui. Il se mit à chantonner dans sa tête Time is running out : « You will be the death of me13. » Il accéléra le rythme de son pas dans la montée.

Augusto quittait le Lot 10 quand il vit Gabriele qui ouvrait le coffre de sa moto pour y ranger la boîte de chez Damiani.

– On a cours ce matin ? lui demanda-t-il.

Gabriele appréciait le vieil homme. Son atelier de restaurateur de métaux était une vraie caverne d’Ali Baba dans laquelle il ne faisait jamais entrer personne, mais où lui était toujours volontiers accueilli. Gabriele répondit qu’il avait cours toute la journée.

– Et ça, c’est pour ta prof ? demanda Augusto d’un air malicieux, en faisant allusion à la boîte qu’il venait de ranger.

– C’est pour une copine, répondit Gabriele en enlevant l’antivol.

Il chevaucha sa moto et tourna la clé pour démarrer le moteur.

– Tu dois pas en manquer, de copines… continua Augusto.

Gabriele sourit en lui faisant un petit signe de la main. Il s’apprêtait à partir quand il entendit :

– En tout cas, j’en connais une qui aimerait bien faire un petit tour sur ta bécane, vu comme elle la reluquait l’autre jour !

Gabriele se retourna.

– Qui ça ?

– Cette flic qui se balade dans le quartier avec un crayon à la main. Celle qui était avec ta mère quand elle a découvert Lucetta morte dans son lit.

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