Requiem pour Yves Saint Laurent by Benaïm

Requiem pour Yves Saint Laurent by Benaïm

Auteur:Benaïm
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Grasset


« Une page est tournée » : avec ces mots, certains croyaient trouver une sorte de salut, affranchis de tout ce que cette présence avait occulté. Le sésame de leur liberté. Le point de départ d’une nouvelle histoire, à laquelle d’autres n’osaient pas penser, les yeux embués de doute et d’espoir. Madame Colette fut engagée par Jean Paul Gaultier qui lui demanda de faire une robe avec un parachute puis s’envola pour New York où elle travailla quelque temps chez J. Mendel : « Regardez, prenez, apprenez tout ce que vous pouvez », disait Gilles Mendel à ses ouvrières. Puis elle décida d’ouvrir son propre atelier, à Paris. Elle retrouva des clientes. Des nouvelles arrivèrent, par le « bouche à oreille ». Certaines négociaient trop les prix, lui reprochant « de ne pas avoir de griffe ni d’adresse ». Un jeune étudiant allemand en droit apprit à ses côtés à coudre. La vie continuait. « A chaque fois qu’on recommence quelque chose, c’est beau. »

Créatrice d’une petite collection d’étoles en cachemire, Amalia m’avait donné rendez-vous dans un café. En jean, sous les néons, elle était toujours aussi magnétique. Je la revois, arrivant sur le podium du Salon impérial de l’hôtel Intercontinental, nue sous son vison, avec son cœur de vrai-faux rubis se détachant sur sa peau noire. Elle avait été pour Yves Saint Laurent la Silvana Mangano de la collection « Hommages », elle restait le dernier « Love » du couturier, son portrait figurant sur le poster-carte de vœux envoyé par Yves Saint Laurent en janvier 2007. « Elle est semblable aux masques et aux statuettes de l’art tribal qui expriment tout en quelques traits », disait d’elle Yves Saint Laurent, qui avait accepté d’être le parrain de baptême de son fils Melchior. Née d’une mère somalienne et d’un père italien, elle a toujours ce port de reine ; même sous les néons d’un café parisien, elle renvoie l’image de ce qu’elle n’a jamais cessé d’être, cette reine au sang mêlé qui, sur ses escarpins en crocodile, semblait avancer pieds nus vers le soleil, aussi parée que nue sous un smoking de grain de poudre « khôl », une blouse de cigaline « Macassar » ou une robe de mousseline « savane ».

Je me souviens de ces mannequins dont il savait immédiatement capter la lumière, en intensifiant ce qu’elles avaient d’unique, une chevelure rousse, un nez d’oiseau de proie, un profil d’idole. Je revois ces photos de Violeta Sanchez par François-Marie Banier, le visage revoilé de tulle point d’esprit. Elle et les autres ressemblaient tant à ses croquis, qu’on avait l’impression qu’il les avait dessinées pour les faire apparaître. Or c’est leur présence qui l’inspirait. Les blondes redevenaient des héroïnes un peu glacées, il semblait avoir caressé, senti, adoré toutes les peaux. Je revois Laetitia Casta, au corps semé de roses, puis en tailleur de shantung, apparue à son bras, en mariée, au final Yves Saint Laurent haute couture du printemps-été 2001. « Nous sommes amants », lui avait-il écrit en marge du croquis.



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