Requiem pour Tontons Macoutes by Gérard de Villiers

Requiem pour Tontons Macoutes by Gérard de Villiers

Auteur:Gérard de Villiers [Villiers, Gérard de]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Espionnage
ISBN: 2259000770
Éditeur: tas-Unis
Publié: 1971-01-01T00:00:00+00:00


CHAPITRE XI

— À propos, fit Burt, pour Amour Mirebalais, il ne faut pas prendre ce qu’a dit Jacmel au pied de la lettre. Le tout est de la mettre hors d’état de nuire. Il lui coupera la tête lui-même…

Délicieuse précision.

Jusque-là, tout s’était bien passé. Burt Marney avait récupéré Malko à l’arrivée de la barque, et ils avaient aussitôt repris la route de Port-au-Prince. Pas le moindre Macoute… Et pourtant Malko était sûr qu’Amour Mirebalais n’avait pas renoncé à sa vengeance.

— Faites attention de ne pas vous retrouver là-bas grinça Burt Marney.

Il désignait du doigt un petit bâtiment jaune de deux étages isolé dans les terrains vagues derrière l’antenne de Radio-Métropole. Le drapeau haïtien flottait à un mât.

— Fort-Dimanche, expliqua l’Américain. On en sort rarement vivant.

De loin, la prison ocre, en bord de mer, semblait un bâtiment en carton-pâte.

Marney contourna le rond-point de Delmas et s’engagea dans l’avenue Jean-Jacques Dessalines.

— Laissez-moi en face des Nations Unies, demanda Malko.

Il y avait un certain nombre de choses à mettre au point… Entre Amour Mirebalais et lui, une mortelle course contre la montre était désormais engagée.

*

* *

Le bureau de Frank Gilpatrick était délicieusement frais. L’Américain considérait Malko avec un certain respect.

— Vous avez vu Jacmel ! répéta-t-il.

Depuis l’incident Mirebalais, Malko semblait avoir remonté dans son estime.

— Au fond, fit Malko, je n’ai plus qu’à aller abattre Amour Mirebalais dans sa Lamborghini. Avant qu’elle ne me fasse truffer de plomb par ses Tontons Macoutes.

— Si elle le voulait vraiment, vous seriez tombé mort en sortant de l’hôtel… Elle a dû changer d’avis. Après l’humiliation que vous lui avez infligée, elle doit vouloir vous et Jacmel.

Il semblait un peu moins Duvaliériste, Frank. Malko se dit que si son séjour à Haïti se prolongeait, il redeviendrait Blanc à part entière. Mais il avait un problème plus immédiat :

— Où puis-je trouver un certain César Castella ? demanda-t-il.

De nouveau, le visage de Frank se ferma.

— Je n’en ai pas la moindre idée, affirma-t-il sèchement. Demandez au pasteur John Riley. À Radio-Pax. Il a aidé cet individu à plusieurs reprises… Vous trouverez Radio-Pax sur la route de Carrefour.

— Et pour les vingt-cinq mille dollars ?

— Ils sont à votre disposition. Contre un reçu bien entendu.

Délicatesse pas morte. Déprimé, Malko se leva.

— Je vais continuer mon chemin de croix.

— Dites bonjour à John Riley. Je ne l’ai pas vu depuis quinze jours.

*

* *

Le pasteur John Riley était à quatre pattes en train d’essayer de retrouver le ressort du percuteur de son vieux Radom 9 mm lorsqu’on frappa à la porte. Il se releva, posa un grand mouchoir à carreaux sur l’arme démontée et alla ouvrir.

Bien qu’il n’ait jamais vu Malko, il lui serra chaleureusement la main. John Riley pratiquait la charité chrétienne. Malko dit alors d’un ton naturel :

— Je cherche la lumière.

Le sourire du pasteur s’accentua :

— Entrez, entrez.

L’air climatisé ne fonctionnait pas. John Riley récupéra le mouchoir cachant le Radom afin d’épousseter une chaise pour Malko, puis s’assit derrière le bureau.

— Je reviens de l’Artibonite, expliqua-t-il. Là-haut c’est plein de poussière.



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