Religion Et Politique en France Depuis 1789 by Jacques-Olivier Boudon

Religion Et Politique en France Depuis 1789 by Jacques-Olivier Boudon

Auteur:Jacques-Olivier Boudon [Jacques-Olivier Boudon]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: ARMAND COLIN
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


L'engagement des femmes catholiques en politique

Les élections de 1902 se font sur ce thème de la politique anticongréganiste. Les républicains de gauche l'emportent et renforcent même leurs positions. Le pays légal, c'est-à-dire l'électorat masculin, approuve la politique de fermeté à l'égard des congrégations. Privées du droit de vote, des femmes s'organisent cependant. À Lyon, dans une région où se sont multipliées les initiatives de défense religieuse depuis la Révolution, est fondée, le 29 septembre 1901, la Ligue des Femmes Françaises. Sa fondatrice, Jeanne Lestra appartient à la bourgeoisie catholique libérale de Lyon. Elle reçoit le soutien de son directeur de conscience, le Père Antonin Eymieu, membre de la compagnie de Jésus, très influente à Lyon. La LFF est née à la suite de l'envoi au Sénat en juin 1901 d'une pétition contre la loi sur les associations, qui a recueilli plus de 600 000 signatures. Le lancement est relayé par la presse catholique lyonnaise, Le Nouvelliste de Joseph Rambaud, ou encore L'Écho de Fourvière. Elle se propose aussi de faire pression lors des élections de 1902, en collectant de l'argent. Mais des tensions naissent avec le Comité parisien de la Ligue, ce qui conduit au schisme et à la fondation de la Ligue Patriotique des Françaises. Celle-ci voit le jour à Paris en juin 1902, comme branche féminine de l'Action libérale populaire. Elle est créée par Marie Frossard qui en demeure la secrétaire générale jusqu'en 1933, avec le soutien d'un aumônier jésuite le Père Henri Pupey Girard. Son premier objectif est de soutenir les candidats de l'ALP ; elle se mobilise également en faveur des congrégations religieuses et au moment des débats sur la loi de Séparation lance une pétition qui réunit 4 millions de signatures. Par la suite, elle se consacre au développement d'oeuvres sociales (écoles ménagères, ouvroirs, mutualités).

À la veille de la guerre, la LPDF réunit 580 000 femmes, réunies dans des comités qui drainent l'ensemble du territoire, alors que la LFF en aurait 400 000, mais plus centrés sur un grand sud-est qui rayonne autour de Lyon, auquel s'ajoutent quelques départements de la Basse-Bretagne et des pays de Loire, ainsi que les beaux quartiers parisiens - la LLF est ainsi particulièrement vivante dans les régions de tradition légitimiste. La sociologie des deux Ligues n'est pas très différente ; ses dirigeantes se recrutent au sein du monde de la bourgeoisie et de l'aristocratie. Finalement la concurrence entre ces deux ligues les a servies. En multipliant les initiatives, pétitions, conférences, manifestations, collectes de fonds, ces associations féminines contribuent à faire entrer en politique les femmes catholiques à la veille de la Grande Guerre. Les ligues poursuivent ensuite leur action pour fusionner en 1933 au sein de la branche féminine de l'Action Catholique.



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