Révolution, Consulats, Empire. 1789-1815 by unknow

Révolution, Consulats, Empire. 1789-1815 by unknow

Auteur:unknow
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Humensis
Publié: 2015-06-22T22:00:00+00:00


III. Bleus et blancs de l’Ouest

Au contraire de ces assauts qui, inspirées depuis l’étranger, ne rallient que minoritairement les autochtones, c’est une véritable guerre civile qui ensanglante la Vendée. Les causes sociales et économiques en sont complexes. La conformation du territoire, la faiblesse des voies de communication, opposent clairement la ville à la campagne et contribuent au repli sur elles-mêmes de communautés rurales hétérogènes. Tandis que les plus aisés exportent le grain, malgré des rendements céréaliers inférieurs à ceux des régions limitrophes (le manque de charrues, d’engrais, l’humidité excessive, l’expliquent), beaucoup de journaliers sont obligés de pratiquer un métier complémentaire pour survivre et sont les premiers à mener le combat pour le pain. Peu présents sur leurs propriétés, les nobles (dont trois cinquièmes semblent préférer leur résidence urbaine) ont vu une majorité des cahiers de doléances demander l’abolition des droits féodaux et ont connu dans l’été 1789 l’attaque de leurs châteaux – loin des petites gentilhommières des hobereaux, dont certains sont contraints de cultiver eux-mêmes leur lopin. L’hostilité aux propriétaires bourgeois, qui surveillent avec des exigences constantes les rapports de leurs terres en fermage, grossit avec la Révolution et les promotions politiques qu’elle leur offre. Alors que la participation électorale est forte pour désigner les municipalités de 1790, majoritairement des paysans, elle décroît comme en beaucoup d’autres régions en 1791 : les conseils des districts et des départements connaissent en effet une surreprésentation des bourgs aisés, d’une frange éclairée de la population – car, autant les grandes villes bretonnes ont laissé entrer largement les Lumières, autant les campagnes souffrent de l’analphabétisme et l’on ne s’y exprime que rarement en français. Le mécontentement est aussi attisé par la réforme incomplète de l’impôt : la Vendée, dont la richesse n’a pas été réévaluée par les législateurs, subit une légère surimposition par rapport à des régions plus riches et celle-ci pèse sur des paysans qui souffrent d’abus nombreux de la part des propriétaires, au sein desquels la bourgeoisie urbaine est toujours plus nombreuse (plus de 45 % des acheteurs des biens nationaux, notamment issus des professions libérales ; 30 % sont des hiérarques de l’Ancien Régime – nobles, haut clergé, fermiers généraux – le reste se partage entre l’artisanat et la paysannerie). La Constitution civile du clergé, les conséquences du serment désorganisent le maillage paroissial et des habitudes d’autant plus ancrées que l’église est lieu de rassemblement en un pays où l’isolement est la règle, que le prêtre est souvent enfant de la communauté villageoise, que le pays a été régulièrement terre de mission – ce qui n’empêche nullement la persistance des croyances druidiques et des légendes païennes. C’est peu dire qu’une chasse brutale est souvent faite au prêtre jureur, l’« intrus », l’absentéisme aux offices prôné, ses sacrements niés tandis qu’un culte clandestin et le plus souvent nocturne s’organise, revendiquant nombre de miracles. La levée de 300 000 hommes, décidée en février 1793 par la Convention va mettre le feu aux poudres. Les révoltes rurales contre les levées d’hommes, accompagnées par le



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