Rap, techno, électro by Morgan Jouvenet

Rap, techno, électro by Morgan Jouvenet

Auteur:Morgan Jouvenet [Jouvenet Morgan]
La langue: fra
Format: epub
Tags: musique, jeunesse, sociologie des arts, rap, techno (musique), musicien (métier), musique électroacoustique, sociologie
ISBN: 9782735118311
Éditeur: Éditions de la Maison des sciences de l’homme, Ministère de la Culture
Publié: 2019-04-24T13:35:14+00:00


Ressources et stratégies des labels « indépendants »

La marque de fabrique des labels « indépendants »

La survie des labels indépendants dépend de l’incapacité de l’offre musicale des majors à capter complètement la demande de musique. Certaines catégories de clients cherchent en effet à échapper à cette offre pour trouver des satisfactions musicales alternatives parmi des catalogues plus confidentiels (c’est l’hypothèse de la « demande insatisfaite » de Berger & Peterson 1975), pour se distinguer socialement et/ou assouvir une passion musicale exigeante. La promotion des labels indépendants exploite ce désir en affichant clairement les oppositions entre leur conception et leur organisation du travail musical et celles qui prévalent (ou prévaudraient) dans les multinationales du disque. Autrement dit, elle exploite les avantages de la spécialisation et de la petite taille des équipes mêlant les artistes aux managers53.

La construction de l’identité collective du label est un moyen d’ancrer l’entreprise dans le paysage musical, malgré le turn-over des artistes qu’elle héberge. Elle vise également à soutenir, voire à remplacer les conseils du vendeur ou du critique dans le foisonnement des produits, en attachant la confiance des consommateurs à des repères esthétiques. Les termes de la spécialisation vont bien souvent au-delà de la terminologie des sous-genres, précisant l’identité du label en croisant, en hybridant les références esthétiques les plus connues : il y a certes des labels « techno », des labels « electronica », des labels « house », etc., mais la plupart se définissent en recourant à des croisements du type jazz/downtempo, rap/house, rap/electronica, raggamuffin/jungle, etc., ou à des qualifications supplémentaires (rap « hardcore » ou « old school », « marseillais » ou « du 93 », trip hop « contestataire », techno « feutrée », house « filtrée », de Montpellier ou de Versailles). Il est probable que la prolifération des labels a intensifié le jeu de la différenciation : avec le nombre des concurrents augmente l’effort de distinction, et les descriptions des catalogues ressemblent parfois à de véritables manifestes artistiques, et ce d’autant plus que l’importance accordée à la spécialisation conduit les labels — même les plus petits – à multiplier les sous-marques54. La justification par le patron de Versatile du lancement de sa troisième marque, Discothèque, témoigne de l’importance accordée à l’image de marque dans la stratégie commerciale du label :

Longtemps, nos prods ont été écoutées du coin de l’oreille, avec comme principal retour : bien, mais pas assez efficace sur le dance-floor. Notre image est marquée par cela. Pourtant, j’aime aussi les choses plus directes, les tracts [chansons] qui répondent immédiatement. Discothèque est là pour ça. Le CD compilation paru l’an dernier et licencié par Barclay a aussi élargi notre assise, nous ouvrant un nouveau public (Gilb’R. compositeur. DJ et directeur de label)55.



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