Radicalisation by Farhad Khosrokhavar

Radicalisation by Farhad Khosrokhavar

Auteur:Farhad Khosrokhavar [Khosrokhavar Farhad]
La langue: fra
Format: epub
Tags: religion, radicalisation, islam radical, Syrie, guerre
ISBN: 9782735117567
Éditeur: Éditions de la Maison des sciences de l’homme
Publié: 2018-01-08T11:20:41+00:00


Les jeunes Arabes, pour leur part, développent un contre-racisme qui sert de justification à leur mode d’action violente contre la société et à leur délinquance (en prison, ils évoquent souvent lors des entretiens la discrimination qu’ils subissent du fait de leur origine, de leur accent ou de leur vie dans les mauvais quartiers). Il s’agit en l’occurrence de contre-racisme parce que c’est l’effet induit par un type de société qui marginalise, exclut et dénie la dignité aux citoyens de second ordre dans un ni/ni qui écorche leur identité : ils ne sont ni français (en France), ni arabes (en Afrique du nord), étant « sale Arabe » en France et « sale Français » dans le pays de leurs parents. Quant au Petit Blanc, son racisme est induit par sa situation sociale, pas par une haine radicale de l’Arabe ou des autres : doublement infériorisé, il recompose par son racisme symbolique une image de soi qui est profondément entamée par l’érosion de son identité. Lui aussi souffre, mais sous une forme différente du ni/ni : il n’est ni « Français bien né » (Blanc de classe moyenne) pour avoir une vie normale de citoyen, ni Arabe pour bénéficier de l’aide sociale. Il est écrasé des deux côtés, un peu comme l’Arabe qu’il déteste mais dont il partage en partie l’exclusion sociale et économique en lui donnant néanmoins une autre coloration affective : il ne se sent plus chez lui, il est comme l’exilé de l’intérieur, inexorablement marginalisé et dédaigné dans ses revendications par les politiques, de droite comme de gauche. Il joue sa revanche, on l’a dit, sur deux fronts distincts, voire antagoniques : il peut s’intégrer dans un groupuscule d’extrême droite et afficher une appartenance à ce groupe (il n’est plus seul et abandonné), se fixant comme but la lutte contre l’Arabe ; il peut tout aussi bien se convertir à l’islam, faire cause commune avec « l’Arabe » contre le « Blanc tout court ». Dans ce cas, la trajectoire de sa radicalisation rejoint celle du jeune musulman d’origine immigrée, même si elle s’en distingue par le choix qui lui a été offert à l’origine. Mais le Petit Blanc, dans sa haine de l’Arabe, et plus généralement, du musulman, peut se radicaliser aussi dans un troisième sens original : tout en maintenant son identité « européenne » et en adhérant à une vision d’extrême droite, il peut tuer des Blancs pour les « éveiller » à la menace du musulman qui pèse sur eux – ce fut le cas du Norvégien Anders Breivik.

Quoique souvent précarisé, le Petit Blanc peut aussi appartenir aux classes moyennes et adopter des réflexes de radicalisation par le truchement de son imaginaire. On sait bien que le vote Front national, surtout dans certains départements du nord-est de la France, dans les petites villes ou les zones rurales, n’est pas lié à une présence massive des Arabes, mais à une forme de crainte qu’ils inspirent et que transposent dans leur monde imaginaire ceux qui redoutent le déclassement social ou la perte de leur identité.



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