Qui a tué le juge Michel ? by Pelletier Éric Pontaut Jean-Marie

Qui a tué le juge Michel ? by Pelletier Éric Pontaut Jean-Marie

Auteur:Pelletier Éric, Pontaut Jean-Marie
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Michel Lafon
Publié: 2014-08-15T00:00:00+00:00


Que ce soit pour des raisons personnelles ou professionnelles − ou les deux à la fois −, il est certain que Pierre Michel traverse une période difficile. Et rien ne lui est épargné. Le 3 octobre 1981, un titre en une de Libération le fait sursauter : « Un détenu fait le portrait de son juge ».

À l’intérieur du journal, un texte ahurissant :

« Il avait une gueule chouette mon hibou de juge. Y m’a même dit bonjour avec tant de conviction que j’en ai oublié l’absence de mon avocat. Jamais vous ne verrez autant de haine que ce que j’ai vu dans les yeux de mon juge. […] J’l’aime bien mon juge surtout lorsqu’il se jette avec aisance en arrière pour te montrer la crosse de son arme qui dépasse du pantalon. Y’m’fait marrer avec ses allures de shérif à la recherche d’une gloire lyonnaise. Il sert la justice. Même que depuis le 10 mai, il y met plus de cœur ou de cul (buté qu’il est mon juge). Mince ! C’est vrai qu’il vous pose des questions mon juge et répond lui-même (à sa secrétaire) pour après y’vous marque “refuse de signer”. (…) Mon juge il est sympa comme la mort (CQFD). Mon juge à moi, j’y assisterai à ses obsèques. »

L’auteur est facilement identifiable par les détails qu’il fournit. Le juge aussi, puisque ses initiales, indiquées dans l’article, ne sont autres que « P.M. » ! Pierre Michel, un peu sonné, reconnaît immédiatement Nourredine B., le même qui lui avait écrit en août pour vanter ses qualités et le mettre en garde contre des menaces ! Michel est écœuré, surtout par le mensonge : il ne porte jamais d’arme… Pourtant, il ne donnera pas suite à cette attaque. Il ne veut pas faire ce plaisir à ceux qui tentent de le déstabiliser. Mais sa hiérarchie, qui pourrait le soutenir, ordonner une enquête ou porter plainte, ne bouge pas d’un cil non plus. Elle lui chercherait plutôt des noises : Pierre Michel est en butte à la suspicion et à des tracasseries administratives. Il doit se justifier de l’achat d’un magnétophone aux policiers afin d’accélérer leur travail2 et se plaint de l’acharnement d’un substitut du procureur, Gilbert Azibert. Cette histoire insignifiante prend pour lui, dans son état de fatigue, des allures de persécution. Malgré la carapace, les coups portent. Et souvent les angoisses le poursuivent jusque dans son sommeil agité.

Il rédige un brouillon de lettre pour se justifier. Deux feuillets manuscrits, pliés par le milieu, adressés au président du tribunal de grande instance : « Conformément à vos instructions […] le magnétophone non utilisé en l’état lui sera donc rendu. » Ils seront retrouvés dans son portefeuille le jour de sa mort.

Un rayon de soleil se glisse dans ce monde glauque avec la visite à Marseille, du 29 septembre au 2 octobre 1981, de ses deux complices italiens, les juges Barrile et Sciacchitano, avec lesquels il a réussi les arrestations de Palerme. L’opération la plus importante de sa carrière.



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