Que cette Coupe s’éloigne de moi by Philippe Lemaire

Que cette Coupe s’éloigne de moi by Philippe Lemaire

Auteur:Philippe Lemaire [Lemaire, Philippe]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastique
Éditeur: Lune-Écarlate
Publié: 2012-03-14T23:00:00+00:00


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7 Missionnaire qui embarqua lors du 2e voyage de Colomb.

Chapitre 11

Cadix, septembre 1493 -

Le crépuscule du soir est souvent presque magique pour moi, et pas seulement parce que c’est le moment où certains hommes se changent en bêtes fauves comme l’a, peut-être naïvement, écrit Baudelaire. C’est le seul moment où il m’est possible de jouir encore un peu de la lumière du soleil sans en craindre les rayons dévastateurs, contrairement à l’aube qui agit sur les vampires comme une sonnette d’alarme. Lorsque le ciel est dégagé, les derniers rayons de l’astre du jour affaibli enveloppent le monde d’une rougeur presque surnaturelle, et cet instant est hélas ma seule alternative aux ténèbres constituant mon quotidien.

Le coucher de soleil sur l’Atlantique était somptueux ce soir-là et de lourds nuages sur l’horizon avaient masqué la boule de feu, me permettant de profiter du clair obscur un peu plus longtemps que d’habitude. Alexandru et moi marchions côte à côte le long des quais de Cadix où une certaine effervescence régnait encore. Quelques navires de l’expédition imminente avaient été amarrés à quai tandis que d’autres étaient au mouillage dans l’immense rade en compagnie d’embarcations de pêcheurs. Des nuées de mouettes et de goélands hurlants passaient en rase motte au-dessus des bateaux, se saisissant ici et là de butins hétéroclites. Des marins profitaient des dernières lueurs du jour pour charger quelques caisses supplémentaires à bord des vaisseaux de l’Amiral, le plus souvent en jouant aux funambules sur les étroites passerelles qui reliaient les bateaux à quai à la terre ferme. D’autres revenaient des navires au mouillage dans des barques de tailles diverses, toutes ces manœuvres s’effectuant dans une bonne humeur apparente sous les regards intéressés et curieux de la population de Cadix.

Nous continuâmes à avancer sur les quais à l’ombre des palmiers dattiers jusqu’au moment où un navire attira notre attention de par sa taille imposante et l’effervescence qui régnait autour de lui. Quelques hommes en armes gardaient l’accès à la passerelle, contraignant parfois des promeneurs trop curieux à reculer un peu, tandis que plusieurs hommes d’équipage travaillaient encore sur le pont. Les fenêtres du château arrière du navire étaient toutes éclairées, laissant clairement entendre que d’autres marins s’affairaient à l’intérieur.

C’était une imposante caraque, presque deux fois plus grande que les caravelles qui l’entouraient. Nous approchâmes par la poupe où le nom du navire figurait en lettres de bois sculptées : Maria Galanta. Alexandru contempla la hauteur impressionnante des trois mâts du vaisseau et s’attarda un moment sur la complexité du gréement. Des échelles de cordes permettaient d’accéder aux vigies situées en haut des deux premiers mâts et les voiles avaient été ramassées sur les traverses, témoignant de l’imminence du départ. L’embarcation était par ailleurs lourdement armée. Des canons avaient été arrimés sur le pont et plusieurs couleuvrines pointaient leurs museaux menaçants sur les deux châteaux, à l’avant et à l’arrière. Mon lieutenant était à l’évidence très impressionné.

— Même dans le port de Varna, je n’ai jamais vu pareille embarcation mon Prince.

— Et pour cause Alexandru.



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