Quatre souris vertes by Patterson James

Quatre souris vertes by Patterson James

Auteur:Patterson James [Patterson James]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: French ebooks
Publié: 2002-01-01T23:00:00+00:00


59.

Pendant que nous courions à la voiture, Damon m’expliqua ce qui était arrivé à son camarade. Ses mains tremblaient.

— Il a pris de l’ecstasy, papa. Depuis plusieurs jours.

L’X était l’une des drogues à la mode dans la capitale, surtout parmi les lycéens et étudiants de George Washington et de Georgetown.

— Il n’est pas allé en classe ?

— Non. Il est pas rentré chez lui non plus. Il est resté dans une maison abandonnée, près de l’Anacostia.

Je connaissais le coin. Je mis la sirène et le gyrophare. J’avais déjà rencontré le petit Ramon, et je savais que ses parents, musiciens, étaient de gros consommateurs de stupéfiants. Ramon jouait au base-ball avec Damon. Il avait douze ans. Damon avait-il touché, lui aussi, à cette saloperie ?

Quelques minutes plus tard, nous étions devant le squat. Une baraque de deux étages, aux fenêtres presque toutes obstruées.

— Tu es déjà venu ici ? demandai-je à Damon.

— Ouais, je suis déjà venu. Pour aider Ramon. Je pouvais pas le laisser comme ça, hein ?

— Il était conscient quand tu es reparti ?

— Oui, mais il serrait les dents, et il vomissait. Il saignait du nez, aussi.

— Bon, on va voir ça. Suis-moi.

Dans l’immense couloir plongé dans l’obscurité flottaient des effluves de détritus et une odeur de brûlé. Un incendie récent…

Et là, surprise, dans une pièce, deux secouristes et un médecin, une femme, étaient déjà à l’œuvre. Je vis les baskets noires de Ramon et son pantalon large au bas retroussé. Le gamin ne bougeait pas.

Le médecin agenouillé au-dessus de Ramon se releva. C’était une jeune femme grande et massive. Elle avait un joli visage. Je ne la connaissais pas. Mon insigne ne sembla pas l’impressionner outre mesure.

— Inspecteur Cross. Comment va le gamin ?

Elle me dévisagea.

— Je suis Kayla Coles. On s’occupe de lui. On ne peut rien dire pour l’instant. Quelqu’un a appelé les secours. C’est toi ?

Elle regarda Damon, et je compris alors que c’était elle, le médecin dont Nana m’avait parlé.

— Oui, madame, répondit Damon.

— Tu as pris de la drogue, toi aussi ?

Damon me regarda avant de répondre.

— Je prends pas de drogue. C’est nul.

— Mais tes copains, oui ? Tu as des copains nuls ?

— J’ai essayé de l’aider, c’est tout.

Au regard sévère du Dr Coles succéda un acquiescement rassurant.

— Tu as sans doute sauvé la vie de ton ami.

Nous attendîmes, dans la puanteur de cette pièce lugubre, qu’on nous annonce que Ramon était tiré d’affaire. Pour cette fois. Kayla Coles resta jusqu’au bout, penchée sur l’enfant comme un ange gardien. Damon put dire quelques mots à son copain avant que l’ambulance ne l’emmène. Je le vis lui prendre les mains. Il était presque 2 heures du matin quand nous ressortîmes de l’immeuble abandonné.

— Ça va ?

Damon opina, puis il se mit à trembler de tout son corps, et il fondit en larmes contre mon bras.

— Tout va bien, lui murmurai-je. Tout va bien.

Je le pris par l’épaule, et nous rentrâmes à la maison.



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