Quatre jour de rage by Kris Nelscott & Pierre Sérisier

Auteur:Kris Nelscott & Pierre Sérisier [Nelscott, Kris & Sérisier, Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Amérique;polar;ségrégation;racisme;polar;enquête;activisme
ISBN: 9782815934558
Éditeur: DE L AUBE
Publié: 2019-08-28T10:07:12+00:00

29

Je me garai à peu près à mi-chemin de la maison et je retirai ma salopette, la jetant avec la casquette à l’arrière de la camionnette. Puis je pris le chemin de mon appartement. Je ne fus pas surpris de constater qu’une voiture noire était garée au milieu du pâté de maisons.

Je faillis adresser un salut au conducteur, mais je me ravisai. J’avais passé la matinée à tenter de lui faire croire que j’étais un type lambda qui ne s’occupait que de ses affaires. Je n’avais pas envie de ruiner tous mes efforts simplement pour le plaisir de lui faire savoir que je l’avais repéré.

Il faisait trop chaud dans l’appartement. Le concierge avait allumé le chauffage, sans doute à cause de la pluie. Je soupirai d’irritation. Les radiateurs n’avaient jamais fonctionné correctement dans cet appartement, et au plein milieu de l’hiver j’étais parfois obligé d’ouvrir les fenêtres. Je ne voulais pas le faire alors qu’il se préparait un orage, mais je n’avais pas d’autre choix.

J’ouvris la fenêtre du salon, me confectionnai un sandwich au corned-beef et en dévorai la première bouchée en m’assurant d’être parfaitement visible depuis la rue, de sorte que celui qui me filait sache bien que j’étais rentré chez moi.

Puis je passai dans mon bureau et commençai à donner des coups de fil.

J’appelai Laura en premier. Sa secrétaire lui transmit immédiatement la communication, ce qui était devenu plutôt inhabituel.

Laura semblait pressée. Mais elle avait réussi à faire les recherches que je lui avais demandées. Apparemment, elle s’en était occupée dimanche, tandis que Jim et moi étions en train de regarder le match.

« J’ai un paquet de documents pour toi, dit-elle. Je l’ai scellé, marqué comme confidentiel, et je l’ai laissé à Judith. »

Judith était sa secrétaire.

Je voulus protester contre le fait d’avoir laissé de tels documents à une personne étrangère à l’enquête, mais je compris que c’était trop tard.

« Je voulais te les donner moi-même, reprit Laura, mais je continue de travailler avec les gens de Model Cities. C’est le bazar, Smokey. »

Cela en avait l’air.

« Est-ce que tu te souviens de la date à laquelle le manager a été retrouvé ? »

Je restais volontairement vague.

« Quand as-tu commencé l’inspection de la maison ? Vers le 22 septembre, n’est-ce pas ?

— Quelque chose comme ça.

— Alors, cela devait être une semaine auparavant. Ou à peu près. » Le ton de sa voix avait changé : il semblait plus prudent. Quelqu’un venait d’entrer dans son bureau.

Je bouclai la conversation aussi vite que je le pus. Puis je composai un autre numéro que je connaissais par cœur, un numéro d’un officier de police du commissariat voisin. Jack Sinkovich n’était pas un de mes amis, même s’il prétendait le contraire. Je l’avais rencontré lors d’une enquête, il y avait un peu plus d’un an. Il m’avait depuis démontré à de nombreuses occasions que je pouvais lui faire confiance, et sa détermination à ne pas se plier à la culture dominante du département de la police lui avait valu deux avertissements et une affectation dans un bureau.

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