Quand la police sonnera by Peter Randa

Quand la police sonnera by Peter Randa

Auteur:Peter Randa [Randa, Peter]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: néant
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1962-02-01T00:00:00+00:00


— Je savais que tu en avais envie, dit Liliane. À Orléans déjà, au bord du canal, je l’avais senti.

Elle est allongée contre moi, la tête nichée dans mon épaule. Son corps épouse étroitement le mien dans une sorte d’apaisement extasié.

— Moi ça n’a pas été si soudain… mais déjà dans la voiture j’ai regretté d’avoir prévenu Ferrari. Tu crois que nous avons l’instinct de l’amour en nous ?

Pas envie de répondre. Je suis bien. Heureux et détendu. Je n’ai jamais connu ce qu’elle vient de me donner, ni avec Olga, ni avec Francine. Olga n’est pas passionnée et Francine était toujours réticente, comme gênée par les gestes indispensables.

Stupéfiant après ce que j’ai appris. Liliane reprend :

— Et l’intérêt n’y est pour rien. Ça au moins je veux que tu le saches. Je m’embarque avec le sentiment que nous sommes fichus au départ. Je ne savais pas que j’avais le goût du malheur.

— Tu crois que j’ai tué Francine ?

— Ne me dis rien. J’en suis certaine mais je m’en moque. J’en suis certaine parce que ton histoire ne tient pas debout. En aucun cas Francine ne t’aurait parlé de nous. Donc tu mens.

— Liliane…

— Je ne te demande rien. Fiche-moi la paix. Je n’essaye pas de te tirer les vers du nez. Je te préviens pour que tu puisses agir en conséquence, Francine ne t’a jamais parlé de papa. Elle a rompu toutes relations avec nous… Il y a une raison.

— Où est-il ton père ?

— En taule. La bande à Kasten… Tu as dû lire dans les journaux. Durieux-la-Mitraillette. Il a pris quinze ans, l’année où tu as connu Francine. Francine n’était pas comme moi. C’est ma grand-mère qui l’a élevée. Dans les principes. Elle était à Paris pour ses études… et elle n’a plus voulu entendre parler de moi parce que j’allais voir papa à Fresnes. Je suis restée avec ma mère. Je n’avais pas honte, moi… au contraire. J’avais déjà mal tourné et, en un sens, ça me posait d’être la fille de Durieux-la-Mitraillette. Tout est relatif comme tu vois.

— Tu avais mal tourné ?

— Pas ce que tu crois. Jamais le tapin. Seulement, j’ai été condamnée deux fois, la première fois comme mineure et, à la seconde, j’ai obtenu le sursis.

Je me raidis, elle le sent et elle a une sorte de rire roucoulé.

— J’aime mieux être franche… et tout de suite, car après on n’a jamais assez de courage. De toute façon, tu as été heureux dans mes bras… tellement heureux que tu es devenu mon homme. Encore un truc qui t’échappe sans doute mais ça ne fait rien. Maintenant j’ai gagné. Tant pis si tu me méprises, pourvu que tu me gardes. Pour le temps que ça peut encore durer… Les amours qui traînent un macchab ne vont jamais très loin.

Elle me ramène toutes mes angoisses avec une acuité terrible. Elle les double même par ce qu’elle me laisse espérer tout en me le reprenant. Déjà elle m’en a trop dit. Je ne suis plus placé pour m’indigner.



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