Psychologie clinique du vieillissement normal et pathologique by Talpin

Psychologie clinique du vieillissement normal et pathologique by Talpin

Auteur:Talpin
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Armand Colin
Publié: 2013-01-14T16:00:00+00:00


2. Décompensations somatiques

Nous l’avons vu plus haut, la retraite est un fort moment de surmorbidité et de surmortalité. Il en va de même de l’année qui suit l’année d’entrée en institution, quel que soit l’âge auquel on y entre. Cela peut d’une part, et fort logiquement, se comprendre par le fait que les âgés qui entrent en institution sont ceux qui ne peuvent plus vivre seuls chez eux, du fait de problèmes somatiques ou cognitifs le plus souvent. Mais cela est aussi à mettre en lien avec un effondrement du sujet, effondrement qui se manifeste dans le corps sous forme de maladie, d’accident (chute en particulier), voire de mort. La rupture d’avec le cadre de vie antérieur (conjoint, maison ou appartement, quartier, tous porteurs de parts du sujet) produit un tel désétayage que le sujet ne parvient pas à investir le nouveau cadre institutionnel (non choisi ou choisi le plus souvent par défaut).

D’autre part, il n’est pas rare que le désétayage vienne du corps lui-même. Ainsi que le souligne C. Roos, lors des chutes, il est fréquent que ce ne soit pas la chute qui provoque une fracture mais au contraire une fracture spontanée (liée à la fragilité osseuse, à de l’ostéoporose ,etc.) qui provoque la chute. Le sujet fait alors l’expérience d’un corps qui le lâche, qui, au sens propre, le laisse tomber, ce qui provoque de grandes angoisses et un sentiment d’inquiétante étrangeté quant à son propre corps.

De ce fait donc, les somatisations massives ne sont pas rares dans le grand âge, qu’il s’agisse de cancers qui flambent, de décompensations cardiaques, vasculaires, ou encore de syndromes de glissement.

Ainsi que ceci a été évoqué plus haut, la vie de Fernande a connu une évolution favorable, sans doute grâce à une réelle richesse des défenses mobilisables qui vont de la projection sur l’institution à la séduction hystérique, en passant par ce que R. Debray (2002) nomme des « solutions psychosomatiques » et un traitement onirique riche.

En écho à cette patiente, et dans la logique du contre-modèle, je présenterai maintenant Frédérique. Elle fut hospitalisée avec un diagnostic de mélancolie délirante dont je ne verrai pas les symptômes qui régressèrent donc très vite puisque je la rencontrai huit jours après son arrivée dans le service d’hospitalisation. Elle se présentait plutôt comme fatiguée, sans désir, regrettant d’être ainsi, disant ne plus se reconnaître.

Petit à petit, je compris que, sans enfants, elle était veuve depuis deux ans et que son mari était mort chez une autre femme, sa maîtresse d’après la famille, ce que Frédérique n’envisageait que sur le mode de la dénégation. Elle pensait en effet que son mari était allé mourir chez cette femme pour la rendre jalouse et elle se demandait bien pourquoi. De plus elle ne liait nullement son asthénie, ses symptômes dépressifs à la mort de son mari.

La semaine suivant le premier entretien, je ne pus la recevoir car elle était partie à l’hôpital général pour un problème de rétention urinaire qui entraîna la pose d’une sonde à demeure pour quelque temps.



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