PS : Oublie-moi ! by Emma Green

PS : Oublie-moi ! by Emma Green

Auteur:Emma Green [Green, Emma]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions addictives
Publié: 2019-06-16T22:00:00+00:00


24. Qui je suis

Léonore

Je n’ai pas la tête à ce dernier jour de shooting. À l’aube, on nous emmène à l’aquarium de Séville, avant son ouverture au public, et le photographe nous fait poser en maillots de bain devant des poissons exotiques, des tortues et des poulpes. Il nous suggère de « jouer avec eux » et je trouve ça ridicule. Il me plante devant le bassin gigantesque d’un requin et me demande de surjouer la panique. Mais mon corps refuse et mon esprit n’obtempère pas beaucoup plus.

– Tu es parmi nous, Léonore ? s’agace-t-il avec son accent espagnol.

– Oui, oui…

– Tu as trop fait la fête hier ou tu as peur de la grosse bête ?

– Je n’ai pas peur ! protesté-je comme une enfant.

Et le type me remplace rapidement par Eugénie, qui m’adresse un petit sourire contrit.

Un peu plus tard dans la matinée, il demande à Willa et moi de prendre des concombres de mer dans nos mains et de les embrasser.

– S’il croit qu’on n’a pas remarqué la forme phallique de ce truc, grommelle la brune.

Elle trouve une pose marrante et fait mine de mordre dans le concombre tout mou.

– Je ne joue pas à ce jeu-là, décidé-je soudain.

– Quoi, parce que tu vaux mieux que ça ? me provoque Willa d’une voix désabusée.

Mais je n’ai pas le temps de me justifier que Qin-Qin est appelée à la rescousse pour donner des bisous à toutes les créatures marines qu’on lui tend.

Heureusement pour moi, le shooting s’arrête vite, l’aquarium ouvre ses portes et toute la bande Strange & Strong regagne l’aéroport.

Tous sauf Wolf.

Dans l’avion qui nous ramène à Paris, j’entends Matthias apprendre à Willa que son frère a décidé de rentrer avant tout le monde, au petit matin. J’obtiens enfin la réponse à la question qui me rongeait mais que je n’ai osé poser à personne.

Je ne l’ai même pas entendu quitter ma chambre dans la nuit. Et je ne sais pas ce qui me met le plus dans cette humeur de chien : que l’enfoiré se soit barré comme un voleur après avoir eu ce qu’il voulait, que je me sois endormie dans ses bras en baissant la garde, ou que je me sois confiée à lui un peu plus tôt, dans un moment de faiblesse.

« Je n’ai jamais joui de ma vie. »

Quelle conne…



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