Problèmes et grands courants de la philosophie by Louis Jugnet

Problèmes et grands courants de la philosophie by Louis Jugnet

Auteur:Louis Jugnet [Jugnet, Louis]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Philosophie réaliste
Publié: 1979-01-15T00:00:00+00:00


2) – Ensuite, l’anti-scientisme.

Opposition totale au positivisme du siècle dernier ou au matérialisme pseudo-scientifique, de même qu’à une certaine philosophie universitaire qui fut jadis de mode : la Philosophie a ses problèmes et ses méthodes propres{255}.

II. – La démarche philosophique de camus

Son œuvre littéraire est sans doute utile pour illustrer cet examen, d’autant plus qu’elle comporte des relations étroites avec ses ouvrages doctrinaux : ainsi, la liaison entre L’Étranger et Le Mythe de Sisyphe – entre La Peste et L’Homme Révolté. Mais enfin, c’est surtout dans ce qu’on peut nommer « les livres d’idées » de CAMUS que nous trouverons les indications nécessaires sur sa philosophie. Parmi eux, deux sont essentiels :

Le Mythe de Sisyphe (1943) et L’Homme Révolté (1951).

Dans Le Mythe de Sisyphe, l’expérience initiale est celle de l’absurde. À la racine, pas de malheur personnel de CAMUS, pris comme base (à la manière des Romantiques), malgré la pauvreté du milieu social où a grandi l’écrivain, malgré la mauvaise santé : « Je suis né pauvre sous un ciel heureux (l’Algérie), dans une nature avec laquelle on se sent en accord, non en hostilité. Je n’ai donc pas commencé par le déchirement, mais par la plénitude » (Actuelles). Ce qui est donc en jeu, c’est l’expérience humaine en son ensemble : la sottise et l’insignifiance de la vie quotidienne, l’étrangeté des choses et des événements, la marche vers la mort. Mais surtout (thème central) l’opposition entre le monde et la conscience{256}. D’une part, en effet, « cette nostalgie d’absolu (qui) illustre le mouvement essentiel du drame humain » (Mythe, pp. 32-33) ; et, en face, ce monde indifférent, inhumain, étranger (malgré l’amour de CAMUS envers la nature). – La solution semblerait résider dans le suicide, mais non : comme SARTRE, et pour des raisons que je ne trouve pas convaincantes dans une perspective athée et absurdiste, CAMUS repousse le suicide, car celui-ci méconnaît la conscience (ce mot est pris ici au sens de lucidité, de clairvoyance psychologique, non au sens où l’entend la morale classique). Celle-ci est en effet, si l’on peut dire, la meilleure et la pire des choses. On ne saurait, en tout cas, la nier ou s’en passer. L’absurde est né de la conscience confrontée au monde. La « logique en existence » ou « logique absurde » demande donc le maintien des deux termes en présence : « Il s’agissait précédemment de savoir si la vie devait avoir un sens pour être vécue. Il apparaît ici, au contraire, qu’elle sera d’autant mieux vécue qu’elle n’aura pas de sens » (Mythe, p. 76). Echec de l’espoir et des « métaphysiques de la consolation », chrétienne tout spécialement, car elles volatilisent artificiellement l’irrationalité du monde. Il y a, pour elles, une intelligibilité du Tout : tout a un sens, tout sera expliqué. Reste donc la révolte, courageuse, lucide, et solitaire (ainsi la caractérise CAMUS). – À ce stade l’orgueil est légitime, voire nécessaire : « Le spectacle de l’orgueil humain est inégalable »{257} – Et la passion…



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