[Princes d'Ambre-02] Les fusils d'Avalon by Zelazny Roger

[Princes d'Ambre-02] Les fusils d'Avalon by Zelazny Roger

Auteur:Zelazny,Roger
La langue: fr
Format: mobi
Tags: Fantasy
ISBN: 2207304620
Éditeur: AlexandriZ
Publié: 1972-01-05T14:04:09+00:00


6.

La plupart du temps, la régularité est plus importante que la rapidité. Tant qu’il y a une progression régulière des stimuli à laquelle se cramponner mentalement, on dispose d’une marge de manœuvre latérale. Une fois le processus enclenché, son régime est une question de discrétion.

J’avançai donc lentement, mais sûrement, en usant de discrétion. Pas la peine de fatiguer Star inutilement. Les décalages rapides sont déjà assez éprouvants pour des êtres humains. Les animaux, qui ne sont pas aussi doués quand il s’agit de se mentir à soi-même, ont plus de difficulté à suivre et deviennent parfois incontrôlables.

Je traversai la rivière là où elle était enjambée par un petit pont en bois et la suivis pendant quelque temps sur la rive opposée. Mon intention était de contourner la ville proprement dite, mais de suivre le cours d’eau jusqu’aux abords de la côte. On était au milieu de l’après-midi. Le sentier que je suivais était frais et ombragé. Grayswandir pendait à ma ceinture.

Je me dirigeai vers l’ouest et parvins finalement au pied des collines qui s’élevaient dans cette direction… Je décidai d’attendre, pour entreprendre le décalage, d’être parvenu en un point qui domine cette ville, la plus grosse agglomération du royaume qui ressemblât à mon Avalon. La ville portait le même nom, et plusieurs milliers de personnes y vivaient, y travaillaient. Plusieurs des tours d’argent manquaient, et la rivière coupait la ville en deux vers le sud suivant un angle légèrement différent, après avoir atteint une largeur huit fois supérieure à sa largeur au niveau du moulin. De la fumée montait des ateliers et des débits de boissons, légèrement déformée par une brise soufflant du sud ; des gens, à cheval, à pied, conduisant des charrettes ou des diligences, circulaient dans les rues étroites, entraient et sortaient des boutiques, des hôtels, des maisons ; des nuées d’oiseaux tournaient, descendaient, montaient autour des endroits où étaient attachés des chevaux ; quelques drapeaux et oriflammes de couleurs vives remuaient mélancoliquement dans la brise ; les plans d’eau étincelaient et une brume très légère enveloppait la ville. J’étais trop loin pour entendre le bruit des voix, ou le tintement, le son des marteaux et des scies, le cliquetis ou les grincements, qui se fondaient en une sorte de rumeur continue. J’avais beau ne pas pouvoir reconnaître d’odeurs isolées, même si j’avais été aveugle j’aurais su rien qu’en humant l’air qu’une ville était proche.

À la voir de là-haut, une certaine nostalgie me prit, un lambeau languide de souvenir teinté de regret pour la ville, qui était l’homonyme de cette ville dans un pays d’Ombre disparu et en une époque révolue, où la vie avait été tout aussi simple et moi plus heureux que je ne l’étais maintenant.

Mais on ne vit pas aussi longtemps que j’ai vécu sans adopter une certaine attitude intellectuelle qui consiste à dépouiller les sentiments naïfs dès leur apparition et qui répugne, en général, à verser dans le sentimentalisme.

Ces temps étaient révolus, ces actes consommés, et maintenant c’était Ambre qui m’obsédait complètement. Je tournai bride et me dirigeai vers le sud, confirmé dans mon désir de réussir.



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