Poussez, Madame ! Confessions d'une sage-femme by Sylvie Coché

Poussez, Madame ! Confessions d'une sage-femme by Sylvie Coché

Auteur:Sylvie Coché [Coché, Sylvie]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions de l'Opportun
Publié: 2016-03-30T22:00:00+00:00


Difficile

à porter…

Madame Singe, qui porte le nom de son époux, accouche. Le gynécologue lui avoue la trouver très courageuse de porter un nom aussi difficile et lui demande si elle n’aurait pas préféré garder son nom de jeune fille ?

« Non, lui répondit-elle. Mon nom de jeune fille, c’est Guenon ! »

Quand l’alcool désinhibe…

Il est 21 heures. Les salles d’accouchement sont vides. La soirée commence tranquillement et nous nous préparons à dîner.

Les deux auxiliaires de puériculture arrivent affolées et me demandent de courir au troisième étage : un homme ivre veut partir avec un bébé !

Nous ne sommes que quatre femmes dans le personnel soignant dans la maternité. Pas un seul homme pour nous aider…

Tout en montant quatre à quatre les marches des escaliers, elles m’expliquent que l’homme est le beau-frère d’une patiente qui a accouché la veille. Il est très agité et prétend être le père du bébé et avoir le droit de l’emmener.

Mes collègues sont terrorisées et n’osent pas dépasser le pallier de l’étage. Elles me poussent en avant en disant : « Vas-y toi, tu as fait du karaté tu pourras le maîtriser s’il ne t’écoute pas ! »

Je ne crois pas du tout pouvoir maîtriser physiquement un homme déterminé mais il y a urgence… Je me rends dans la chambre en tenant à la main une longue aiguille : c’était la seule « arme » que j’avais trouvée...

Dans la pièce se trouvent deux hommes. L’un d’eux est visiblement très éméché. Au fond de son lit, la jeune mère, cramponnée à son bébé, est visiblement apeurée.

J’entre et, sous prétexte d’avoir entendu une dispute, demande innocemment ce qu’il se passe.

L’homme ivre se retourne en titubant et me dit d’une voix pâteuse qu’il veut emmener le bébé parce que c’est lui le père et non son frère. L’autre homme, présent dans la salle, est heureusement beaucoup plus calme. Il semble être un ami.

Ne souhaitant pas envenimer la situation de crainte que l’homme ne devienne violent, je lui explique calmement que la seule chose dont je sois sûre pour l’instant, c’est que la femme qui tient le bébé dans ses bras est sa mère. Je précise ensuite que je ne sais pas qui est le père et que je ne veux pas le savoir, avant d’ajouter qu’un bébé si petit a besoin prioritairement de sa mère, de soins spécifiques qu’il ne peut recevoir que dans un hôpital et que la mère et l’enfant resteront avec moi encore quelques jours, ce qui lui laissera le temps d’éclaircir, la situation.

Il commence à râler mais par chance, son ami prend ma défense et lui propose de le ramener chez lui pour cuver son ivresse. Il tente de le raisonner et lui explique qu’il serait incapable de s’occuper d’un bébé dans l’état où il est.

L’homme n’oppose plus de résistance et annonce qu’il va partir.

Je les accompagne mais préfère éviter de me trouver avec eux dans l’ascenseur. Je les pousse dans la cabine et regarde les portes se fermer.

Trois secondes plus tard, les portes s’ouvrent à nouveau et les deux hommes ressortent.



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