PolicierChandler,RaymondSur un air de navaja - Chandler,Raymond by Chandler Raymond

PolicierChandler,RaymondSur un air de navaja - Chandler,Raymond by Chandler Raymond

Auteur:Chandler,Raymond [Chandler,Raymond]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Publié: 1953-12-31T23:00:00+00:00


CHAPITRE XXVI

Un rayon de soleil me chatouillait une cheville. J’ouvris les yeux et aperçus la cime d’un arbre qui se balançait sur un fond de ciel bleu vif. Je me tournai de côté et sentis le contact du cuir contre ma joue. Je me sentais le crâne fendu en deux comme à coups de hache. Je m’assis. D’un regard hargneux je consultai la pendule. Elle indiquait six heures et demie. Je me levai, non sans dépenser une forte dose d’énergie. Je commençais à ressentir salement le fameux poids des ans.

Je trébuchai jusqu’au lavabo, ôtai ma cravate et ma chemise et m’aspergeai d’eau froide. Une fois bien dégoulinant, je me frictionnai avec fureur. Je remis ma chemise et ma cravate et pris mon veston. Le revolver, au fond de ma poche, cogna contre le mur. Je le sortis, fis basculer le barillet et vidai les cartouches dans le creux de ma main. Cinq intactes et une douille vide noircie. Puis je me dis : à quoi bon ? On peut toujours en retrouver d’autres. Je les remis donc en place et allai ranger le revolver au fond d’un des tiroirs du bureau. Quand je relevai la tête, Candy debout sur le seuil de la porte, tiré à quatre épingles dans sa veste blanche, les cheveux luisants, me regardait d’un œil amer.

— Tu veux du café ?

— Merci, oui.

— J’ai éteint les lampes. Le patron va bien. Il dort. J’ai fermé sa porte. Pourquoi tu t’es saoulé ?

— Bien obligé.

— T’as pas pu la baiser, hein, poulet ? Tu t’es fait vider ?

— Comme tu voudras.

— T’as pas l’air de la ramener ce matin, poulet.

— Va me chercher ce bon Dieu de café ! lui criai-je. Il me tourna le dos et sortit. Il revint presque aussitôt avec un plateau d’argent.

— Il est tout frais. Je viens de le faire, dit-il en ramassant une bouteille par terre.

Puis il sortit.

Je bus coup sur coup deux tasses de café noir. Puis je me risquai à allumer une cigarette. Tout se passa bien. J’appartenais encore à la race humaine. Candy réapparut.

— Tu veux manger ? demanda-t-il morose.

— Non, merci.

— Bon. Alors fous le camp. On veut pas de toi ici.

— Qui ça, on ?

Il souleva le couvercle d’une boîte, prit une cigarette, l’alluma et me souffla insolemment un nuage de fumée à la figure.

— Je m’occupe du patron, dit-il.

— Ça te rapporte ?

Il fronça les sourcils puis acquiesça.

— Oh ! oui, ça paye bien.

— Et les petits à-côtés ? Combien pour garder pour toi ce que tu sais ?

Il revint à l’espagnol.

— No entiendo.

— Tu comprends très bien. Combien tu lui fais cracher ? Je parie que ça ne dépasse pas deux cents.

— Deux cents quoi ?

— Deux cents dollars.

Il sourit.

— Alors donne-m’en deux cents pour que je dise pas au patron que t’es sorti de la chambre de sa femme, hier soir.

— Ça suffirait pour acheter un wagon complet de métèques de ton espèce.

Il fit la sourde oreille.

— Le patron est mauvais quand il se fâche.



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