PolicierBrown,CarterUn coeur qui saigne - Brown,Carter by Brown Carter

Auteur:Brown,Carter [Brown,Carter]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 2070432203
Éditeur: Gallimard
Publié: 1976-02-23T01:00:00+00:00

CHAPITRE IX

Tout bien pesé, tant qu’à mourir, j’aime autant mourir dans mon lit. Et puis c’est tellement plus facile pour les femmes de ménage, une fois que c’est fini ! Je monte donc jusqu’à ’à ma chambre, et je m’aperçois qu’il y a du monde.

J’ai ouvert la porte, et je suis déjà dans la pièce, quand je me rends compte que Carl Dixon est assis sur le bord de mon lit, en train de fumer une cigarette. A côté de lui se trouve un cendrier plein de mégots ; c’est donc qu’il attend depuis un bout de temps.

Ma chair de poule prend des proportions alarmantes.

— Qu’est-ce que vous foutez ici ?

— Détendez-vous, Scott ! dit-il. Vous avez l’air nerveux ! Entrez et fermez la porte, je voudrais vous parler.

— Vous choisissez un curieux moment pour me parler, dis-je.

Je referme la porte et je m’adosse au battant. Ça va un peu mieux. Si Carl est le meurtrier, ça me fiche moins la frousse que si c’est le mystérieux X !

Il prend tout son temps pour éteindre sa cigarette, puis il me regarde.

— Que cherchiez-vous dans le pavillon ce matin ?

— Moi ?

— Ne faites pas l’imbécile ! Vous l’êtes déjà de nature, c’est inutile de jouer la comédie !

— Je cherchais un endroit tranquille pour lire, dis-je, mais vous êtes venu me déranger.

— Quelle blague ! lance-t-il d’un air méprisant.

J’allume une cigarette.

— Qu’est-ce qui vous prend, Dixon ? Vous jouez aux gendarmes et aux voleurs ?

— Vous avez fait un fameux saut de carpe, quand je suis entré derrière vous ! Ensuite vous m’avez raconté un bobard au sujet d’un meurtre que vous aviez découvert…

— Je vous ai expliqué que c’était un gag pour mon nouveau bouquin.

Il se lève.

— Pourquoi essayez-vous de me charrier, mon vieux ? dit-il doucement. Ce n’est pas le moment de rigoler, et la preuve c’est qu’on a tué Sonia à la grille. Casey ne rigole pas, et il a l’air de vous avoir placé en tête de la liste des suspects. La chaise, ça vous brûle les fesses quand on tourne le bouton, vous savez, mon vieux !

— Où voulez-vous en venir exactement ?

Dixon me regarde fixement pendant un moment qui s’étire.

— Vous cherchiez quelque chose dans ce pavillon, Scott, murmure-t-il, quelque chose que vous vous attendiez à y trouver, mais qui n’y était plus. Qu’est-ce que c’était ?

— La paix et la tranquillité, dis-je ; exactement comme maintenant. Il est tard, Dixon. Ça vous ennuierait de… ?

Carl ne fait pas mine de vouloir quitter ma chambre. Ses yeux sont toujours fixés sur moi.

— Donnant, donnant, fait-il. Dites-moi ce qu’il y avait dans le pavillon et qui a disparu, et je vous dirai quelque chose qui pourrait vous intéresser.

— Par exemple ?

— Allons, dit-il d’un ton impatient, j’ai dit donnant, donnant !

— Merde !

Il fait deux pas dans ma direction, le regard mauvais.

— Vous ne voulez pas que je vous en raconte une bonne à propos de votre charmante petite femme ? J’ai des tuyaux que vous aimeriez certainement connaître, Scott.

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