Poèmes d'outre-Rhin (Les Cahiers Rouges t. 226) (French Edition) by Gérard de Nerval

Poèmes d'outre-Rhin (Les Cahiers Rouges t. 226) (French Edition) by Gérard de Nerval

Auteur:Gérard de Nerval [de Nerval, Gérard]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Grasset
Publié: 2014-03-31T22:00:00+00:00


1. Kœrner fut tué, en 1813, dans une bataille contre les Français. (Note de Nerval.)

2. Nous avons cru devoir donner, parmi les poésies, les trois morceaux qui suivent, quoiqu'ils soient en prose dans l'original. (Note de Nerval.)

Les poésies de Henri Heine

(Revue des Deux Mondes, 1848)

I

Dans un moment où l'Europe est en feu1, il y a peut-être quelque courage à s'occuper de simple poésie, à traduire un écrivain qui a été le chef de la jeune Allemagne2 et a exercé une grande influence sur le mouvement des esprits, non pas pour ses chants révolutionnaires, mais pour ses ballades les plus détachées, ses stances les plus sereines. Nous aurions pu, dans l'œuvre d'Henri Heine, vous former un faisceau de baguettes républicaines auquel n'aurait pas même manqué la hache du licteur. Nous préférons vous offrir un simple bouquet de fleurs de fantaisie, aux parfums pénétrants, aux couleurs éclatantes. Il faut bien que quelque fidèle, en ce temps de tumulte où les cris enroués de la place publique ne se taisent jamais, vienne réciter tout bas sa prière à l'autel de la poésie.

On a pu apprécier ici même le talent d'Henri Heine dans ses poèmes satiriques. Atta-Troll et le Voyage d'Hiver sont encore dans toutes les mémoires 3. Cette fois nous donnons comme une anthologie tirée de ses divers recueils du Buch der Lieder 4 (Livre des chants). Avant de citer ces pièces, qui perdent nécessairement beaucoup, privées des grâces du style et du rythme, nous voudrions tenter une appréciation du talent poétique d'Henri Heine, ce Byron de l'Allemagne à qui il n'a manqué, pour être aussi populaire en France, que le titre de lord, la mise en scène de son génie, - et une traduction complète.

Henri Heine est, si ces mots peuvent s'accoupler, un Voltaire pittoresque et sentimental, un sceptique du XVIIIe siècle, argenté par les doux rayons bleus du clair de lune allemand. Rien n'est plus singulier et plus inattendu que ce mélange involontaire d'où résulte l'originalité du poète. A l'opposé de beaucoup de ses compatriotes, farouches Teutons et gallophages, qui ne jurent que par Hermann 5, Henri Heine a toujours beaucoup aimé les Français ; si la Prusse est la patrie de son corps, la France est la patrie de son esprit. Le Rhin ne sépare pas si profondément qu'on veut bien le dire les deux pays, et souvent la brise de France, franchissant les eaux vertes où gémit la Lurley sur son rocher, balaie, de l'autre côté, l'épaisse brume du Nord et apporte quelque gai refrain de liberté et d'incrédulité joyeuse, que l'on ne peut s'empêcher de retenir. Heine en a retenu plus que tout autre, de ces chansons aimablement impies et férocement légères, et il est devenu un terrible railleur, ayant toujours son carquois plein de flèches sarcastiques, qui vont loin, ne manquent jamais leur but et pénètrent avant. Ah ! plus d'un qui n'en dit rien, et tâche de faire bonne contenance, quoiqu'il soit mort depuis longtemps de sa blessure, a dans le flanc le fer de l'un de ces dards empennés de métaphores brillantes.



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