Plaguers by Jeanne-A Debats

Plaguers by Jeanne-A Debats

Auteur:Jeanne-A Debats
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science-Fiction
Éditeur: L'Atalante


CHAPITRE 20

Je passai le mois suivant dans une espèce de brouillard dont personne ne tenta de me tirer. J’avais décidé de suivre le conseil de Brahim, je me laissais vivre en m’efforçant d’agir plutôt que de penser. Ces semaines-là, je crois que j’appris plus de choses sur la tenue d’une maison que dans tout le reste de ma vie. Nettoyage, nourriture, réfections diverses, je me portais volontaire pour tout. En classe avec An-Ton, je travaillais comme un damné, rendant les devoirs en avance, anticipant les révisions. Ce qui était aussi bien car l’examen final n’allait pas tarder.

Je me dispersais et m’épuisais mentalement et physiquement jusqu’à tomber le soir sur mon lit pour ne m’éveiller que le lendemain et filer à nouveau au travail. Et c’était aussi bien car des disputes absurdes commençaient à éclater dans toute la Réserve à longueur de journée parmi les Uns – ce qui était tout à fait inhabituel – et par voie de conséquence entre nous. L’aigreur se propageait du haut de la pyramide des âges jusqu’à sa base.

Je restai bien loin de tous ces cris, terrorisé que j’étais en permanence à l’idée qu’Illya devine ce qui me perturbait. La seule chose dont j’étais à peu près sûr, c’est que ce n’était vraiment pas le moment de l’encombrer avec mon problème. Elle me repousserait sans doute avec horreur, plus par dégoût d’elle-même que de moi, pensais-je. D’une certaine manière je trouvais ça rassurant, au point que j’avais presque envie de tenter le coup afin que son rejet règle la situation à ma place et me libère de cette tentation taraudante.

Parfois de terribles insomnies rompaient ma routine morne et j’errais dans la grande maison temporairement silencieuse. En général, je finissais dans le grenier où Illya s’était réfugiée le premier jour. J’y contemplais l’aube naissante sur les gratte-ciel au-delà des murs ; dans ces moments, la beauté souvent stupéfiante des cieux pollués et les reflets colorés sur les toits couverts de neige sale m’apportaient le calme parfois, sinon la paix.

Ce fut là, par un de ces matins magnifiques et solitaires, que Da-Ma-Den me dénicha. J’avais peu rencontré notre nouveau Multiple depuis son Union, et son nouvel aspect continuait de me choquer. C’était surtout le visage qui me posait problème. L’ancien Ma-Den avait eu des traits fermes, secs comme des coups de trique, une lippe amère et dure ; Da-Ma-Den, lui, avait la mâchoire adoucie, les yeux tendres, il était bien loin de celui qui avait failli noyer une place publique bourrée de monde sous une rivière de lave incandescente.

— Ça va ? (Il avisa ma figure noyée de larmes.) Non, de toute évidence.

Surpris, je fixai le visage démesuré à côté du mien. Il avait dû pourtant faire du bruit en se glissant jusque-là. Sa main engloutissait mon bras et ses hanches restaient bloquées à la porte. Je bafouillai :

— Et vous ?

Il eut un mouvement aussitôt interrompu pour hausser les épaules, et, dans sa position, c’était un exploit impossible à réaliser.

— Mieux que certains petits espions qui



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