Placards by Christian Roux

Placards by Christian Roux

Auteur:Christian Roux [Roux, Christian]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier / Thriller / Suspense
Éditeur: Rivages/Noir
Publié: 2002-12-31T23:00:00+00:00


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L’année suivante, Dominique est revenu. Antoine a vite compris que je ne passerais pas beaucoup de temps avec lui, mais de toute manière nous nous étions un peu éloignés pendant les vacances de Pâques. J’avais treize ans, lui quatorze, et il écumait déjà la région avec sa bande. En ce temps-là, la violence n’était pas un sujet qui faisait vendre ou qui rapportait des voix, aussi n’en parlait-on pas, mais elle existait bel et bien. Les bandes de jeunes – mineurs ! – se donnaient rendez-vous pour se battre. Des bagarres au couteau et à la chaîne de moto qui en laissaient plus d’un sur le carreau, et il ne faisait pas bon traîner sur les fêtes foraines après deux heures du matin. Ces bandes rackettaient aussi, évidemment. Mon frère s’était fait prendre une fois. Ils l’avaient foutu à poil et fouetté à l’ortie. Pour les filles, ça ne sentait pas bon non plus, et je ne pourrais pas l’affirmer, mais je suis persuadé que les tournantes étaient monnaie courante. Je ne m’en rends compte que maintenant, mais les garçons parlaient des filles en termes semblables à ceux d’aujourd’hui tout en restant particulièrement silencieux sur le contenu de certaines de leurs soirées. « De toute façon, c’est une salope », disaient- ils, « elle a l’air de chialer, comme ça, mais en fait, elle en redemande »,

« si elle veut pas qu’il lui arrive rien, elle a qu’à pas sortir », « …et tu l’as vue, avec sa jupe ras la foune ? Me dis pas qu’elle veut pas qu’on la lui mette… ». Comment aurait-il pu en être autrement ? Le père Ménard n’emmenait-il pas régulièrement ses filles dans sa chambre – et je n’ai compris que beaucoup plus tard ce qu’il y faisait – ?

Antoine ne me parlait pas de tout ça. Je l’entendais parfois discuter avec ses potes alors que je venais le chercher mais c’était tout. La seule chose dont j’étais certain, c’était que je ne craignais rien : comme aujourd’hui, ils ne se maltraitaient qu’entre pauvres et déshérités, à la grande satisfaction des détenteurs du pouvoir économique et du pouvoir politique qui trafiquaient sans vergogne pour des sommes astronomiques à l’ombre de minuscules vols de sacs à main. Mais cela aussi, je ne l’ai compris que plus tard.



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