Pierre-Paul Riquet et le Canal du Midi by Histoire de France - Livres

Pierre-Paul Riquet et le Canal du Midi by Histoire de France - Livres

Auteur:Histoire de France - Livres [Livres, Histoire de France -]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Romans/Historique
Éditeur: Bibliothèque numérique romande
Publié: 2015-08-05T22:00:00+00:00


CHAPITRE DOUZIÈME

Au détour du chemin, s’avançait un long cortège.

Le collecteur, ne se sentant plus en sûreté, avait requis, pour raccompagner, la force armée.

À la tête du cortège marchait un soldat battant du tambour, ensuite un huissier à mine patibulaire, tenant une clochette à la main.

Des soldats suivaient, et au milieu d’eux le collecteur.

Lorsque la petite troupe fut arrivée devant la chaumière de Rousse, le collecteur fit un signe, l’huissier sonna sa clochette et le chef du petit détachement commanda halte.

C’était un sergent, beau gaillard, de façons conquérantes ; il portait un justaucorps écarlate, bordé de galons mi-partis bleu et argent, ses chausses, ses bas, ses parements et les retroussés de son habit étaient bleus ainsi que son nœud d’épaule. Son sabre était suspendu à un baudrier blanc comme la cocarde de son chapeau à trois pointes, galonné d’argent, et posé de côté sur une coiffure à la cadenette nouvellement introduite dans l’armée. Cette coiffure se composait des cheveux frisés devant et réunis derrière en une queue attachée par un nœud de cuir. Il tenait à la main une longue canne à pomme d’ivoire.

Les soldats portaient aussi l’uniforme rouge, ils étaient vêtus comme leur sergent, sinon que le galon, d’argent chez celui-là, était en laine blanche chez ceux-ci.

Ils avaient sur l’épaule un fusil, invention nouvelle qui venait de remplacer le mousquet.

Leurs visages étaient sombres, ils étaient mécontents ; le sergent mordillait sa moustache, se tenant à l’écart, ennuyé d’être obligé de prêter assistance à ce vilain corbeau comme il nommait aimablement le collecteur. L’huissier tira des papiers de ses vastes poches et commença la lecture du procès-verbal de saisie.

Quand il eut fini, il cria d’une voix claire :

— Jean Rousse, au nom du roi, je te fais itératif commandement d’avoir à payer la somme portée en l’acte, et les frais afférents.

Jean adossé à sa porte, les yeux baissés, ne tourna même pas la tête de son côté. Alors le collecteur s’avança :

— Puisque personne ne répond ni ne paie, dit-il, Jean Rousse, je vais procéder séance tenante à la vente de la maison et de son contenu.

— Pardon, monsieur le collecteur, dit Pierre, qui sortit vivement du groupe des paysans, j’ai l’ordre de M. le baron de vous dire de surseoir à toute exécution jusqu’à nouvel ordre.

— Où est l’ordre par écrit ? dit le collecteur.

— M. le baron ne m’en a pas donné, mais vous me connaissez, monsieur, vous savez que je n’avancerais pas une chose qui ne serait point vraie.

— Vous me la baillez belle, répondit insolemment l’agent du fisc. M. le fermier général veut être payé, je ne connais que ça, moi. Payez-vous pour Rousse ?

— Non, mais je vous répète que j’ai l’ordre de vous empêcher de saisir ; vous vous mettriez dans un mauvais cas, en passant outre.

— Je ne reçois d’ordre que de mes supérieurs, reprit cet homme. J’ai trop longtemps écouté ces billevesées.

Je me mets dans un mauvais cas, vraiment, en ne vous écoutant pas ? Nous allons voir. Allons, toi, Rousse, continua-t-il, ôte-toi de mon chemin, laisse-moi entrer.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.