Pie XII by Frédéric Le Moal

Pie XII by Frédéric Le Moal

Auteur:Frédéric Le Moal
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Les Éditions du Cerf
Publié: 2019-03-15T00:00:00+00:00


Il redescendit du trône, écrira plus tard Mgr Confalonieri, avec un pas indécis et s’étendit épuisé sur la sedia gestatoria. Arrivé devant la bibliothèque privée, il en descendit, se mit à bénir avec un geste bref les sediari qui le regardait avec des yeux troublés, prit des mains du Maître de Chambre la feuille d’audiences du lendemain et laissa – pour toujours – l’appartement noble de représentation65.

En effet, à partir de ce jour, Pie XI ne quitta plus sa chambre de l’appartement privé au troisième étage. Deux médecins, les professeurs Rocchi et Bonanome s’occupaient de lui, le premier s’installant à demeure auprès du malade qui avait tenté le mardi 7 février de se lever avant d’être pris d’un essoufflement cardiaque. Le docteur Petacci, père de la maîtresse du Duce et qui faisait effectivement partie des services sanitaires du gouvernorat du Vatican, ne mit jamais les pieds dans l’appartement du malade. On peut donc facilement affirmer que l’hypothèse d’un empoisonnement sur l’ordre du dictateur italien est une fable66.

L’annulation des audiences s’imposa. Autre mauvais signe : le confesseur, Mgr De Romanis, fut lui aussi appelé. Pourtant, Pie XI tenait à vivre encore, demandant à ses médecins de lui donner un semblant de force pour les cérémonies prévues dans quatre jours. Déterminé à éviter toute nouvelle alarmante, son entourage laissait filtrer dans Rome la nouvelle d’une grippe, la plus efficace des maladies diplomatiques. Le pape lui aussi ordonna le mercredi 8 février de laisser dire qu’il se reposait sur le conseil des médecins pour être en mesure de recevoir l’épiscopat italien le samedi suivant. Ce fut cet entrefilet que publia le soir même l’Osservatore romano.

Il devenait pourtant évident pour le groupe restreint de prélats entourant le moribond que la cérémonie ne pouvait avoir lieu. Une suspension, ou au moins un renvoi à plus tard, s’imposait. Le cardinal Pacelli, reçu dans la chambre, tenta d’en persuader le pape mais l’entretien tourna court. Rien ne serait changé. Et pour bien en convaincre tout le monde, il s’attela à l’organisation de la cérémonie du 11 février. Son discours serait imprimé et distribué aux évêques. Il prévoyait même de le faire lire s’il ne se trouvait pas en état de le prononcer lui-même et envisageait d’accueillir l’épiscopat dans le salon de l’appartement privé dans le cas où sa fatigue ne lui permettrait pas de descendre au deuxième étage. Enfin il ordonna de transmettre le texte au cardinal Pacelli pour qu’il en prît connaissance. Celui-ci put donc le lire dans l’appartement pontifical. Mais il ne suggéra que quelques corrections mineures ce qui permit à Mgr Confalonieri de l’envoyer à l’imprimerie. Était-il déjà étreint par la certitude de la mort imminente de Pie XI ?

Le jeudi 9 février, les crises d’asthme cardiaque se succédèrent mais le pape s’efforçait encore de travailler, de donner des ordres, de recevoir le secrétaire d’État. Pourtant, à ce stade se posait la question de la communication de son état de santé. Que fallait-il dire et comment ? Pacelli et Mgr Montini, installés dans le



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