Piège sur Zarkass-V2 by Stefan Wul

Auteur:Stefan Wul [Wul, Stefan]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: FNA 119 (1958) ch
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

4

En slip, avec ses vêtements sales sur le bras, Laurent revint vers la chambre en passant une serviette dans ses cheveux trempés. Il sifflotait. En entrant, il cria :

— Dis donc, Darcel, où as-tu mis les ciseaux ? Je vais me couper la barbe. En soulevant la tenture, il tomba nez à nez avec l’officiel Zarkassien et simula une totale surprise.

Darcel fit les présentations :

— Laurent, mon compagnon ; Surû Tzécha, surû de Zaresstzech-lé… Il paraît que nos papiers ne sont pas en règle.

— Pas possible !

Le surû s’éclaircit la gorge et bomba le torse.

— M’sieurs, dit-il, je suis obligé de vous garder ici avant d’avoir reçu des instructions à votre sujet. De plus, je vais faire fouiller vos bagages et vous demander de me remettre vos armes. En ville, elles ne vous seraient d’aucune utilité. Ne sortez pas de l’hôtel, les issues sont gardées par mes hommes. L’hôtelier vous donnera tout ce que vous pouvez désirer pendant votre claustration, que j’espère provisoire.

Il prit les deux carabines pendues à un clou planté dans le mur. Laurent le regardait dans les yeux, la bouche ouverte, parfaite statue de la bonne foi douloureusement stupéfaite.

Gêné, le policier fuit son regard et salua en se traçant un cercle avec le pouce à la hauteur du nombril. Laurent, comme s’il s’agissait d’un salut courant dans son pays, lui fit un pied de nez avec un sérieux insoupçonnable. Le surû parut flatté ; il tourna les talons et l’on entendit ses bottes grincer rythmiquement vers la salle commune, puis dans l’escalier de sortie.

Laurent se laissa tomber assis sur son matelas ; il rit.

— Et voilà ! dit-il.

— La ferraille ? s’inquiéta Darcel.

— Ne te fais pas de mauvais sang. Elle est accrochée dans l’arbre de la cour. Un brouhaha couvrit les bruits du marché, dans l’avenue. Laurent alla jeter un regard dehors et dit :

— Regarde ça.

Darcel le rejoignit devant la fenêtre. Les sentinelles à chapeau de métal n’avaient pas bougé. Mais une dizaine d’autres policiers entraient dans l’hôtel, soulevant les murmures excités de la foule.

Peu après, la chambre grouillait d’uniformes. Les Zarkassiens ouvrirent tous les matelas sous les yeux désolés de l’hôtelier. Ils fouillèrent méticuleusement les deux Terriens, sans soupçonner la ceinture de Laurent et le fil qui tenait les boutons de Darcel. Ils répandirent sur le sol le contenu de la dernière caisse et s’emparèrent d’à peu près tout, ne laissant que des vêtements et des objets de toilette.

Ainsi les Terriens virent-ils s’enfuir l’appareil photographique désormais inutile et divers instruments de géologie dont ils n’avaient jamais connu l’usage exact. Et ce pillage ne leur fit aucune peine.

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