[Peabody-04] L'ombre de Sethos by Peters Elizabeth

[Peabody-04] L'ombre de Sethos by Peters Elizabeth

Auteur:Peters,Elizabeth
La langue: fr
Format: mobi
Tags: Policier
ISBN: 9782253147299
Éditeur: Alexandriz
Publié: 1986-01-02T23:00:00+00:00


CHAPITRE 8

Il y eut soudain une violente culbute. Je me retrouvai à quatre pattes, hébétée, les yeux fixés sur ce qui me paraissait être une vingtaine ou une trentaine de pieds dansant avec vivacité autour de moi. Quelques inhalations salutaires d’ozone m’éclaircirent les idées. Les pieds se réduisirent à quatre.

Lorsque j’eus repris assez de forces pour pouvoir m’asseoir, les combattants étaient étroitement agrippés l’un à l’autre. Avec leurs djellabas virevoltantes ils avaient l’air grotesque de deux dames exécutant quelque rite social de courtoisie. Seule l’expression de douloureuse tension sur leurs visages trahissait l’acharnement de la lutte. L’un d’eux était Nemo. Il avait le turban de travers, et les rayons du soleil couchant faisaient briller sa tête nue. Quant à l’autre homme, je ne l’avais jamais vu. À son teint bistre, je déduisis qu’il devait s’agir d’un autochtone du sud de l’Égypte.

Dans un tourbillonnement d’étoffes, les deux hommes se séparèrent. Aucun des deux n’était armé. La main de l’Égyptien fit un geste si rapide qu’il en fut à peine perceptible. Nemo poussa un grognement et recula en chancelant, les mains appuyées contre son ventre. C’était un vilain coup, mais mon défenseur ne se laissa pas démonter. Se ressaisissant, il envoya son adversaire au sol en lui assenant un adroit uppercut à la mâchoire, puis se jeta sur lui.

La lutte était horrible. Si je tardais à y mettre fin, c’était seulement parce que les vapeurs de la drogue embrumaient encore mon esprit, et que j’essayais toujours de trouver ma poche. Lorsque j’y parvins, Nemo avait nettement besoin d’aide. Son agresseur lui serrait le cou à deux mains, et son visage virait au noir.

Dans le feu de l’action je m’oubliai, et lançai une expression que j’avais apprise auprès d’un ami américain : « Mains en l’air, vermine ! » J’ignore si le mécréant la comprit, mais le ton de ma voix suffit à attirer son attention. Il me jeta un coup d’œil et la vue du pistolet que je tenais à la main produisit l’effet désiré.

Il se leva lentement, abandonnant le corps prostré de Nemo. La fureur de la lutte avait quitté son visage, remplacée par une expression de résignation placide, aussi impassible que le masque de papier mâché d’une momie. Ses traits, pas plus que sa grande robe de coton décoloré, n’avaient quoi que ce fût de distinctif ; ils ressemblaient à ceux de milliers de ses compatriotes.

Nemo roula sur lui-même et se releva en titubant. Il soufflait comme un bœuf, contrairement à son adversaire, dont la poitrine se soulevait aussi imperceptiblement que celle d’un homme en prière. Le visage de Nemo était marqué de plaques blanches qui se transformeraient bientôt en bleus, et une tache de couleur vive sur sa manche me fit comprendre que la violence du combat avait rouvert sa blessure. Il s’approcha de moi avec précaution, décrivant un cercle pour sortir de la ligne de tir.

— Parfait, madame Emerson, parfait, souffla-t-il. Donnez-moi le pistolet maintenant.

— Pour risquer que le bonhomme s’échappe au moment où je vous passerais le pistolet ? Non, monsieur Nemo.



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