Parlez-moi d'amour by Xinran

Parlez-moi d'amour by Xinran

Auteur:Xinran
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature
Publié: 2018-04-04T22:00:00+00:00


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D’emblée, le surnom de Meng Aiguo m’avait beaucoup plu : Grue. Avec les cygnes, les grues sont les oiseaux que je préfère. Lors de ma rencontre avec elle, je ne fus pas non plus déçue. Elle était réellement telle que Verte me l’avait décrite : douce, perspicace, réfléchie.

Nous fîmes connaissance à Beijing, peu après mon retour de Qingdao où j’avais interviewé sa mère.

Je fus agréablement surprise lorsque Grue me demanda si nous pouvions nous retrouver dans le parc Taoranting, car ma grand-mère m’y emmenait souvent quand j’étais enfant. Ce parc du district de Xicheng, a été l’un des premiers espaces publics construits après la fondation de la République populaire de Chine en 1949. Les arbres luxuriants, les pavillons au bord de l’eau et les allées ombragées en font l’un des endroits les plus agréables et les plus pittoresques de la ville. Le mot taoran lui-même signifie « joyeux, insouciant ».

L’histoire du pavillon Taoran remonte beaucoup plus loin que celle du parc. Construit durant la trente-quatrième année du règne de l’empereur Kangxi de la dynastie Qing – l’an 1695 du calendrier grégorien –, c’est l’un des quatre grands pavillons de Chine. On raconte que le fonctionnaire de la cour qui le fit construire aimait tellement le poète de la dynastie Tang, Bai Juyi, qu’il s’inspira de l’un de ses poèmes pour lui trouver un nom.

Quand les chrysanthèmes auront jauni

Et que le vin maison aura mûri,

Je boirai avec vous et serai joyeux.

Ma grand-mère disait que, d’aussi loin qu’elle se souvînt, le pavillon Taoran avait joui d’une renommée constante et attiré des flots incessants de visiteurs. Nombreux parmi ces derniers étaient les gens du Sud vivant à Beijing, qui se retrouvaient là le week-end pour évoquer des souvenirs de leurs régions natales.

Depuis que je suis venue vivre en Grande-Bretagne en 1997, chaque fois que je retourne en Chine, mon agenda est totalement rempli et il m’est difficile de trouver le temps de me rendre dans ma ville natale ou de m’autoriser la moindre bouffée de nostalgie. Cependant, il y a quelques années, je me suis trouvée un jour non loin du parc Taoranting en compagnie de Toby, mon mari. J’ai tenté de le persuader d’y aller faire un tour, mais il en a vite été dissuadé par la multitude de badauds qui se pressaient à l’entrée et par la musique tonitruante des « mamies dansantes » sur l’esplanade devant le parc. Ce jour-là, je n’ai donc aperçu que de loin le fameux pavillon, enfoui au plus profond de mes souvenirs d’enfance.

Si bien que je n’ai pu m’empêcher de songer que c’était le destin, tout autant que Grue, qui me ramenait dans ces lieux. Le destin ou, peut-être, une intervention divine.

Deux jours de suite, nous nous sommes donné rendez-vous à l’entrée du parc avant d’aller nous promener dans les allées ombreuses, parmi les pavillons qui se reflétaient dans les eaux du lac. Tandis que les rayons du soleil filtraient à travers les vitraux du feuillage, Grue m’a fait partager les saveurs de sa vie et de ses amours : douces, amères, aigres, épicées – il y avait de tout.



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